Hellfest – Jour 1 – Deuxième partie

Hellfest Jour 1 – Deuxième Partie

Vendredi 16 juin

Le vendredi nous a tués ! En seconde partie de journée, tout s’accélère et tout s’accumule…  Fatigue, gros groupes, propositions d’apéros et autres tentations propres au Hellfest à l’instar des performances, grande roue, Extrême Market ou Kingdom of Muscadet. On a tenu bon et on a fait front face aux têtes d’affiches qui ont déroulé leur show avec la première bagarre rédactionnelle  de cette session 2017 : Rob Zombie !

Behemoth – MainStage 2 – 19h40

On ne va pas se leurrer, l’imagerie et les artifices déployés par Behemoth perdent de leur ampleur et de leur intérêt en pleine journée. Mais les Polonais, en grands maîtres de cérémonie, s’imposent comme l’un des rendez-vous incontournables de ce premier jour. Toujours fidèles à eux-mêmes, le quartet polonais assure le spectacle malgré le soleil de plomb (qui, pour un concert de black / death, reste un décor plutôt décalé). Mais il en faut plus pour décontenancer Behemoth (on se souvient du Motocultor où ils sont montés sur scène sans maquillage, sans artifices et avec des instruments prêtés par d’autres groupes) et le groupe propose comme à son habitude un set carré et impeccable.

Les Polonais balancent un show qui fait la part belle au dernier album The Satanist. La formule est connue et reconnue mais elle fait toujours son effet, sur les convaincus comme sur les curieux. Nergal est impérial derrière son micro et les musiciens ne déméritent pas (la force de frappe de Inferno est toujours aussi  bluffante !). Nergal tente même d’interagir avec le public à plusieurs reprises avec plus ou moins de succès, la chaleur commençant à rendre les festivaliers légèrement atones.

(Hyrkhnoss)

Baroness – Valley – 19:40

Petit plaisir que de retrouver Baroness sous la Valley, 9 ans (!!!) après s’être illustrés à Clisson, à l’époque du côté de la Discover Stage. John Dyer Baizley et ses acolytes (dont les têtes ont plus ou moins toutes changé suite à divers évènements, comme un méchant accident de tour bus en 2013) ont grandi, passant de fervents représentants de la scène sludge à rockeurs Grammysables. Le quatuor se produit donc en toute logique devant un public nombreux. Qu’en retenir ? Le show et l’implication sont là, la setlist proposée est plus largement consacrée à Purple, quatrième et dernier album en date de la Baronne. Quelques pépites de Yellow & Green, Red Album et Blue Record (big up à Bruno Vandelli) font également leur petit effet. Mais quelle bouillie sonore. Ça gâche tout, et c’est peu dire. On ne sait pas trop où se mettre. On se posera même la fatidique question plusieurs fois dans le week-end : “Mais en fait, Baroness, c’était bien ou c’était pas bien ?”. Le doute persiste encore. Un mot tout de même à propos de Gina Gleason, nouvelle guitariste après le départ de Peter Adams, il y a quelques semaines. Parfaitement intégrée au groupe, la jeune virtuose donne franchement l’impression de faire mumuse aux côtés de Dyer Baizley depuis un sacré bout de temps !

(Otis)

Cryptopsy  – Altar – 19:40

Pendant que Behemoth se donne entièrement dans sa grand-messe sur la MainStage, les plus malins se seront réunis sous l’Altar pour aller se remplir les cages à miel au doux son des instruments de Cryptopsy. En pleine tournée européenne, le groupe québécois a choisi de poser ses valises à Clisson pour nous retourner le cerveau.

Cryptopsy délivre une prestation écrasante, entre les vocaux monstrueux de Matt McGachy, les guitares assassines de Chris Donaldson et la section rythmique gérée par le tandem Flo Mounier / Olivier Pinard qui torture leurs instruments et les met à rude épreuve. Ils bénéficient en plus d’un son excellent qui restitue au mieux les nuancés de leur musique complexe. Cryptopsy c’est la bombe nucléaire qui s’abat sur le Hellfest sans prévenir !

(Hyrkhnoss)

Les Ramoneurs de Menhirs – Warzone – 20:45

Des instruments traditionnels comme la cornemuse et la bombarde pour le côté folk / breton, un ancien membre échappé des Béruriers Noirs pour la caution punk anarchiste. Mélangez-le tout vigoureusement et vous obtenez les Ramoneurs de Menhirs.

Grand défenseurs de la culture bretonne, ce groupe est fait pour vous. Les mecs ont de la bouteille et mettent cette expérience à profit pour proposer un condensé de punk rock à la sauce bretonne. Comme si Dropkick Murphys avait copulé avec un kouig amann après une nuit plus qu’arrosée de chouchen.

Le côté festif de leur musique est bien en avant et c’est la fête aussi dans le public qui chante, qui danse comme un seul homme, en un mot qui s’amuse !

Mention spéciale au Bagad Bro Kemperle qui a ajouté encore plus d’ambiance sur scène. Original et rafraîchissant, d’autant plus au milieu de la Warzone.

(Hyrkhnoss)

Deep Purple – MainStage 1 – 20:45

La séquence nostalgie est enclenchée. On ne va pas se mentir, voir Deep Purple pour moi se résume à attendre quelques vieux titres comme «Child In Time» (qui ne sera même pas jouée) ou «Smoke On The Water». Mais on peut tout aussi bien les prendre pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire un groupe de rock à l’aura légendaire qui aura contribué à forger le style tout au long de leurs quarante ans de carrière. Alors oui ce sont des papys du rock mais ils en ont sous la semelle, comme en témoigne la durée du set, et une grande complicité règne sur scène entre les membres.

Je ne suis pas spécialement fan de la formation britannique ni même très au fait de leur actualité et de leur discographie mais ils méritent un grand respect de par leur longévité et leur apport à la musique.

(Hyrkhnoss)

Electric Wizard – The Valley – 21:50

À prestation qui a laissé des traces en 2014, retour immanquable en 2017. Et nous avons affaire à des habitués, puisqu’Electric Wizard s’apprête à fouler les planches du Hellfest pour la quatrième fois. Comme il y a trois ans, une ambiance particulière s’installe sous le chapiteau. Comme si nous étions sur le point d’assister au plus obscur des sabbats. “Witchcult Today” ouvre le bal et tend à confirmer nos impressions. Le doom occulte et enfumé du mage électrique nous transcende une heure durant. Dieu sait combien il est difficile d’obtenir un rendu sonore correct pour ce genre, mais ce soir, nos attentes sont dépassées. Chaque instrument est parfaitement distinct, et on apprécie de pouvoir profiter de la voix nasillarde ET éraillé de Jus Osborn. Notons aussi un “Incense For The Dead” magistral, dont le riff résonne encore dans nos esgourdes.

(Otis)

Obituary – Altar – 21:50

Les patrons du death metal floridien se sont donnés une mission : foutre le feu au Hellfest. Il faut dire que les frères Tardy démarrent au quart de tour et ne sont pas là pour enfiler des perles.

Des riffs sadiques à souhait, une rythmique qui t’arrache les amygdales pour te les faire bouffer et une voix à soulever une armée de zombies : tels sont les ingrédients de la recette Obituary. La locomotive américaine revisite sa discographie et bien que l’évolution ne soit pas la qualité première de leurs productions, ils n’ont pour autant rien perdu de leur brutalité au cours de ces presque trente années de terrorisme musical.  Le public ne s’y trompe pas et se masse sous l’Altar pour écouter les comptines d’Obituary. Une recette simple et sans fioritures mais ô combien efficace et bourrée d’énergie.

(Hyrkhnoss)

Marduk – Temple – 22:55

On se déporte sous la scène mitoyenne. Si physiquement on bouge peu, musicalement on change de continent et d’ambiance avec les suédois de Marduk. Fort d’une empreinte incontestable sur la scène black metal et d’un incroyable dernier opus Frontschwein, la machine de guerre se lance à l’assaut de la Temple Stage pour venir faire son office.

Malgré une setlist qui pioche dans presque tous les albums cultes du combo (avec des bijoux comme «Of Hell’s Fire» et «Panzer Division Marduk») et une interprétation sans faille, j’ai eu le sentiment que les musiciens suédois étaient moins vindicatifs que d’ordinaire, mais cette sensation peut aussi être due à la fatigue de la journée. Quoi qu’il en soit, cela ne m’a pas empêché de passer un bon moment, les Suédois étant une valeur sûre en concert.

(Hyrkhnoss)

Rob Zombie – MainStage 1 – 23:25 : Le désaccord !

By Hyrkhnoss : Rob Zombie a pris du galon depuis sa dernière apparition au Hellfest il y a trois ans. Jugez plutôt : programmé à un horaire presque matinal (18h45), le freak le plus célèbre du metal n’avait pu nous abreuver comme il se doit de son show spectaculaire et théâtral (comme ce fut le cas la semaine précédente au Bataclan).

Cette année, Rob Zombie profite d’un horaire nocturne pour dévoiler toute sa panoplie pyrotechnique et ça promet un show du tonnerre. Nos freaks préférés rentrent au son de «The Last Of The Demons Defeated », morceau qui introduit le dernier méfait du groupe  Electric Warlock Acid Witch Satanic Orgy Celebration Dispenser.

Et c’est parti pour 1h30 de folie jubilatoire. Rob Zombie est un véritable showman qui ne tient pas en place, arpentant la scène de part en part comme un véritable diablotin, à l’instar de John 5 qui, en plus, multiplie les déguisements et les changements de guitares aux couleurs des plus célèbres monstres des années 30-40 (Frankenstein, loup garou ou Dracula). Même constat pour le bassiste Piggy D. qui multiplie les basses aux designs improbables (tête de Frankenstein, morceau d’épave de bateau, cercueil). Visuellement le groupe frappe fort. Entre les musiciens et les écrans géants qui diffusent des extraits de clip et des extraits de films d’horreur / SF (notamment ceux de La Hammer), on en prend plein la vue.

Mais la musique dans tout ça ? La setlist se concentre essentiellement sur les classiques indémodables. « Living Dead Girl », «House Of 1000 Corpses », «Superbeast », «More Human Than Human» et «Thunderkiss’ 65» empruntés à feu White Zombie, le solo du guitar hero John 5 ou bien «Dragula » en final explosif sont les exemples les plus marquants.

Mais Rob Zombie n’est pas un ingrat et aime rendre hommage aux artistes qui l’inspirent. C’est ainsi que nous avons droit aux reprises de «School’s Out » d’Alice Cooper et à «Blitzkrieg Bop» des Ramones dont les refrains seront repris en chœur par les fans. Vous l’aurez compris, Rob Zombie a livré l’un des meilleurs concerts du jour, peut être même l’un de ses meilleurs concerts tout court.

By Otis: Quand le Hellfest a dévoilé l’affiche tant attendue de cette édition, le nom de Rob Zombie était accompagné d’un discret sous-titre annonçant la tenue d’un concert très spécial. A priori, nous aurions dû assister à une interprétation dans son intégralité d’Astro Creep 2000, album culte de White Zombie, avec toute la production des concerts US, pour une E.X.C.L.U.S.I.V.I.T.É. Le Hellfest l’avait même officiellement confirmé dans son communiqué. Par simple curiosité et méconnaissance de l’œuvre en elle-même, nous nous étions replongés quelques semaines plus tôt dans ce disque, qui s’avère être une pure réussite, un mastodonte dans la sphère metal des années 90. Alors autant dire qu’on attendait la prestation de ce bon vieux Robert de pieds fermes. Mais lorsque nous nous installons face à la MainStage, malgré la plongée de la scène dans la pénombre, on ne parvient pas à deviner des éléments de décors particulièrement mirobolants. Ce qui se confirme lorsque les lumières s’allument pour une ouverture sur… « Dead City Radio and the New Gods Of Supertown ». De Rob Zombie, donc, pas de « Electric Head, Part 1: The Agony ». Bon, d’accord…

Une petite exception avant d’attaquer la pièce du boucher ? C’est ce qu’on se dit dans notre grande naïveté. Deuxième morceau : « Superbeast ». En lieu et place de ce qui aurait dû être « Super-Charger Heaven ». S’enchaînent « In the Age Of The Consecrated Vampire We All Get High » et « Living Dead Girl »… Mais absolument aucun titre d’Astro Creep 2000. Déception totale. Et ce sentiment n’est qu’alimenté par la scénographie qui n’a franchement pas l’air plus exceptionnelle que ça (c’est joli les écrans géants partout, mais ça a l’air bien loin de ce qu’on nous avait promis). Alors attention, Robert nous a quand même réservé ZE clou du spectacle. Mesdames et mesdames, devant vos yeux ébaillis, admirez le lancer d’aliens gonflables (les mêmes que vous sortez pour jouer dans votre piscine ou pour faire les foufous sous ecstas à Solidays ou à Dour) en direction de la fosse, en demandant au public de les faire slammer. WAHOUUUUUUUU. On est sur un niveau de finaliste du Fallenfest. Merci Robert, merci pour ce grand moment de foutage de gueule.

In Flames – MainStage 2 – 1:00

Il est – déjà / enfin, c’est selon l’état d’épuisement – temps de clôturer cette première journée et c’est In Flames qui s’y colle. L’appel de la tente pour certains, une impopularité grandissante pour d’autres, toujours est-il que le parterre devant les MainStage s’est considérablement vidé juste après le concert de Rob Zombie.  Les Suédois ne se démontent pas pour autant  (ou alors ils cachent bien leur déception, je ne saurais dire) et  interprètent leur set avec brio, mélangeant anciens («Leeches», « Only For The Weak », le sublime « Moonshield ») et nouveaux morceaux («The Truth », «The End», «Wallflower ») sans dénaturer l’une ou l’autre des époques. Malgré une section rythmique récemment renouvelée qui est encore en train de prendre ses marques et un Anders Friden qui tente de faire bouger le public (ce qui aura peu d’effet malgré les nombreuses tentatives), les Suédois ont assuré le show comme un seul homme et n’ont pas démérité.

In Flames a beau sortir des albums qui divisent, leurs concerts sont à chaque fois un grand rassemblement, mais seuls ceux qui sont restés jusqu’au bout le savent. Cela dit, j’aurais été curieux de savoir s’il y aurait eu autant de défection de la part du public à une heure moins tardive.

(Hyrkhnoss)

The Damned – The Warzone – 01:05

“We’re The Damned! Fuck Brexit!”, nous lance un Captain Sensible en parachèvement de “Melody Lee”. Le ton est donné, et on n’en attendait pas moins de sa part des mythiques Damned, aux racines même du punk. Malgré l’heure tardive et les 60 ans de moyenne d’âge de nos hôtes, ces derniers affichent une forme des grands soirs. Le charismatique Dave Vanian (dont les cheveux mi-longs et la barbichette associés au look tout en cuir donnent des faux airs du personnage de Chibs Telford dans la série Sons Of Anarchy) brouille les pistes, et semble avoir conservé la même voix qu’il y a 40 ans. Ce qui est particulièrement frappant sur des tubes comme “New Rose”, “Love Song” ou “Neat Neat Neat”. Le sieur ne manque pas non plus de rendre inévitablement hommage à son ami Lemmy, qui fut son bassiste de façon anecdotique. Notre attention se focalise également sur Monty Oxymoron, qui multiplie les pitreries derrière son clavier. Du reste, ça joue extrêmement bien et le son est très bon. Un excellent moment, et on ne pouvait rêver mieux pour conclure cette première journée !

(Otis)

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