Satyricon : Deep Calleth Upon Deep

Napalm Records

L’entité qui se cache derrière Satyricon, composée du duo Satyr et Frost, nous offre son neuvième opus qui va encore en surprendre plus d’uns d’entre vous. Si vous avez encore une once d’espoir pour que le tempo du combo norvégien s’accélère de nouveau comme par le passé, il va falloir vous résigner : Satyricon ne jouera plus jamais des vieux riffs sonnant comme à l’époque de The Shadowthrone.

Même si le groupe n’a gardé de son passé musical que certains titres issus de Nemesis Divina en live, il est certes dommage qu’il ne pioche pas dans son répertoire des albums d’antan. Mais là n’est pas notre propos à cet instant !

 

Après avoir sorti un album éponyme il y a quatre ans (déjà), un superbe live à l’opéra qui ne nous aura pas laissé de marbre (concert unique en son genre), Satyricon nous revient avec ce nouvel album qui a étonné tout le monde (ou presque) avec sa couverture : un dessin de l’artiste norvégien Edvard Munch, dessin funèbre ou funeste, qui me ferait presque penser à une image issue des écrits du Comte de Lautréamont.

Cette cover, le baiser de la Mort, n’est pas aussi inspirée que certaines de leurs précédents albums. Elle est plus sobre, comme celle de The Age Of Nero. Mais l’ambiance et les sentiments qu’elle dégage sont inscrits dans la noirceur présente dans la nouvelle œuvre du groupe.

Passé ce petit épisode de la couverture et de la forme  très minimaliste du digipack, entrons dans le vif du sujet ! Alors, ce nouvel opus de Satyricon baptisé Deep Calleth Upon Deep est-il un album digne du groupe ? Digne de nos attentes ?

On va se mettre d’accord tout de suite : si vous vous attendez à du blast et pas à de la finesse musicale, à un mix prog et black, aux légères notes pop (ce n’est pas de l’avant-garde expérimental non plus), alors vous pouvez passer votre chemin car vous serez déçus. Par contre, si vous appréciez la direction prise par le groupe depuis Volcano, ou si un morceau comme « Phoenix » ne vous laisse pas indifférent, alors cet opus est fait pour vous !

Les huit nouveaux titres de Satyricon amorcent un virage encore plus prononcé dans l’optique choisie il y a fort longtemps par le groupe. Cet album se révèle être un album somptueux (et trop court au passage). Deep Calleth Upon Deep est riche d’une palette aux couleurs sonores très variées. L’aspect épique du combo est toujours présent, moins que sur un Nemesis Divina, mais il est bel et bien là.

Vous pourrez en juger par vous-mêmes en écoutant des titres à l’instar  de « Midnight Serpent » qui ouvre et donne le ton. Tout comme « Black Wings And Withering Gloom » ou encore « To Your Brethren In the Dark », même si sur ce dernier le tempo est plus ralenti. La noirceur est au rendez-vous, ainsi que les riffs lourds, les breaks de Frost et les rythmiques cycliques sublimant les déclamations de Satyr.

Si vous avez aimez The Age Of Nero, avec un morceau tel que  « The Wolfpack », vous aurez des similitudes avec le titre éponyme de cet opus. Encore plus de rythmiques aux accords dissonants, les lignes de chant d’opéra sont géniales, vous vous en rendrez compte en écoutant « Deep Calleth Upon Deep » ou le morceau le plus hallucinant de cet opus « The Ghost Of Rome ».

Incontestablement le morceau le plus épique, le plus dantesque ! L’ambiance qui en ressort vous prend aux tripes, et ce riff lancinant qui revient – aux accents très pop et très mainstream, magnifié par les parties vocales de Satyr – ne peut pas ne pas vous interpeller…

Et que dire du morceau qui suit cette pépite de ténèbres, que dire de « Dissonant » et de son intro totalement incroyable avec ces quelques notes de saxo et ces riffs de gratte sonnant comme ceux du début des années 70, dans la même veine  qu’un Aerosmith ou d’un Led Zep, avant de laisser place aux riffs classiques du groupe, breaks de génie et envolées lyriques.

A l’écoute de tels titres, on comprend mieux le discours de Sigurd parlant d’un album novateur, qui ose prendre des risques, d’un album ultra intimiste et personnel et qui espère trouver un écho favorable à son discours (afin de ne pas s’arrêter là !).

Suivi d’un titre digne de la grande époque du black, « Black Wings And Withering Gloom » -comme écrit plus haut- se rapprocherait de Nemesis Divina, avec quelques riffs épiques qui résonnent dans une mythologie lointaine, perse peut-être, aux sonorités grecques et/ou arabisantes.  Riffs et ambiances qui reviennent à plusieurs reprises tout au long de cet opus.

C’est certainement le titre où Frost se lâchera le plus sur le blast. Final apocalyptique au programme sur ce morceau ! L’album se termine avec « Burial Rite », une compo aux forts accents black et prog, black et sympho. Sans être redondant, c’est du pur black n’ roll, car il y a toujours autant de breaks (marque de fabrique du groupe) qui nous permettent encore plus de vivre ce titre hyper varié, hyper créatif, à l’image de ce nouvel album.

 

Le black metal proposé par Satyricon depuis ses débuts a toujours eu un côté black n’ roll. Côté riffs, car les lyrics de Satyr étaient ancrées et inspirées par un certain occultisme. Vous souvenez-vous des petits gimmicks vocaux de Sigurd sur le split album avec Enslaved: The Forest Is My Throne ? Un titre comme « The Night Of The Triumphator » ? Tous ces petits « Come On ! »  ou autres « Here We Go Again ! ». Pas trop black tout ça, mais plutôt bel et bien rock n’ roll, comme les compos à y regarder de plus près.

Côté Norvégien, Emperor a été l’un des premiers (si ce n’est le groupe précurseur) à briser les codes, tout comme DarkThrone. Et côté Suédois, des groupes tels que  Vondur ou Marduk nous ont proposés ce style de son sur leurs premiers albums. « Stridsyfirlysing » et le terrible EP The Galactic Rock’N’Roll Empire pour Vondur et Those Of The Unlight pour Marduk. Le black metal de Satyricon, depuis Volcano et Now, Diabolical, n’a pas beaucoup changé de sa philosophie des débuts.

Le son, oui. Le groupe ose, propose de nouvelles sonorités dans ses compositions, le chant de Satyr a évolué pour n’être plus qu’une voix scandée par moments, plus linéaire que par le passé. Mais toujours aussi froide (ou chaude, dépend de comment l’on ressent son chant) et parfois malsaine, comme sur le premier single éponyme issu du nouvel opus.

Deep Calleth Upon Deep est un album qui est taillé pour le live, huit nouveaux hymnes qui exploseront littéralement sur scène. Le titre éponyme de cet opus agira en live tel « Now, Diabolical » ou « Fuel For Hatred » ! Idem pour un morceau aussi épique que « The Ghost Of Rome  » ! Album à se procurer d’urgence donc, si ce n’est pas déjà fait, et pour encore mieux apprécier la musique de Satyricon, profitez de la nouvelle tournée européenne qui a lieu ces jours-ci !

Chro by Bobo

 

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