INTERVIEW – LIZZARD

En promotion pour leur nouvel album – Eroded via Pelagic Records- à paraître le 19 février prochain. Nous retrouvons Mat, chanteur/guitariste de LIZZARD.

Bonjour Mat ! Pour commencer, comment ça va ?


Et bien écoute ça va bien ! Merci ! On est content de tous vous avoir aujourd’hui pour vous parler de notre nouvel album !

Pour un public qui ne vous connaitrait pas, comment vous présenteriez-vous ?

Pour un public qui ne nous connaîtrait pas, il serait beaucoup plus intéressant de nous découvrir sur scène. On est et on restera un groupe de scène. Autrement, il faut déjà savoir qu’on est un trio. Ce qui faut souligner, est plutôt rare dans la scène metal. Concernant notre style on est très influencé par le milieu prog et les gens ont d’ailleurs tendance à nous référencer comme un groupe de metal progressif.

Mais pour nous, on joue vraiment une musique rock aux sonorités metal au sens très large. En fait, on est influencé par tout un tas de choses différentes. Que ce soit la musique classique, la peinture, mais aussi des groupes comme Radiohead… Donc on se définit comme un groupe de « art rock ».

Le groupe s’est formé en 2006, mais c’est vraiment depuis 2010 qu’on exerce cette passion comme métier et qu’on a pu jouer un peu partout dans le monde.

Alors justement, tu parlais de vos influences multiples, est-ce qu’il y a des choses ou artistes qui vous ont particulièrement inspirés sur votre prochain album, Eroded qui sera disponible à partir du 19 février ?

En fait oui et non, c’est ce que j’expliquais à d’autres de tes collègues.
Pour nous la musique est un réel langage. Elle peut être un moyen d’exprimer certains points inexprimables avec le langage humain. Donc comme je te le disais, on va être influencé par des horizons très larges, mais en même temps on ne planifie pas ce qu’on écrit. On ne se dit pas un seul instant «tiens, notre album va sonner comme ça ».
On joue donc une musique très personnelle.
(Il réfléchit)
En fait, c’est vraiment une question difficile que tu me poses, parce que si tu veux j’ai des choses qui influencent mon jeu à la guitare. Par exemple, JimiHendrix influence vraiment mon jeu. Mais pour autant on ne peut pas dire que Lizzard ressemble à du Hendrix. Donc on a tous les trois des influences très distinctes, qui vont apporter quelque chose à nos morceaux. À certaines parties de notre musique. Mais en même temps, ce ne sont pas nos 2 ou 3 influences majeures qui vont définir la musique que l’on crée.

Dans le processus de composition si on peut l’appeler comme ça, il se passe quelque chose d’assez simple finalement, c’est-à-dire que de mon côté je trouve un truc intéressant à la gratte, un riff, une partie, un arrangement, qu’après on va intégrer ensemble dans nos compositions. Encore une fois on ne se dit pas un seul instant «tiens ça serait bien de faire quelque chose qui ressemble à ça».

Des groupes qui vous marquent plus que d’autres ? Personnellement, je trouve des nuances dans votre musique qui rappelle celle de Tool, mais aussi Gojira dans certaines ambiances.

Oui bien sûr ! En fait, chacun voit dans notre musique ce qu’il a envie d’entendre. Si tu as entendu ces groupes là dans ce qu’on fait, c’est aussi car tu en es fan, ou du moins tu connais plutôt bien leur musique.
Après, concernant ces deux là, c’est plus que des influences ! Parce que ce sont des groupes avec qui on a joué. En plus, on est presque de la même génération, on a donc des ressentis similaires.

L’année dernière vous dévoiliez Blowdown, cette année TheDecline, sont-ils à vos yeux et vos oreilles les 2 titres les plus représentatifs de ce nouvel album ?

Non, pas du tout. En fait si tu veux savoir pourquoi ces 2 morceaux là particulièrement, c’est parce que c’est le choix du label. Choix qu’on a bien sûr validé, mais nous on est dans une démarche artistique. C’est -à -dire qu’on écrit pas dans une logique de choisir un single. D’ailleurs, je peux te révéler que d’autres vont sortir avant le 19 février. Ce n’est pas une approche que je critique, attention, mais ce n’est pas celle que l’on pratique.
Pour nous tous les morceaux représentent l’album. Ils sont tous dans une mouvance qui constitue ce qu’est Eroded. On aime tous nos morceaux.
Même s’il était clair que Blowdown était le morceau  à mettre en avant. Mais dans l’ensemble tous les morceaux se valent et sont en même temps très différents.

Du coup en gardant à l’esprit cette logique de composition non calculée, il est impossible pour vous de choisir un morceau favoris.

Oui exactement, en fait on en a pas du tout. Parce que dans tous nos morceaux, il y a 300% de chacun d’entre nous.

Concernant l’enregistrement de l’album, est-ce qu’il a eu lieu dans des conditions particulières ?

Alors, je ne sais pas si ce sont des conditions particulières, mais pour nous ça l’a été.
Parce que déjà on a passé un mois entier enfermé dans un studio en Allemagne. C’était la première fois qu’on restait un mois entier. Généralement, on enregistre tout en une dizaine de jours. Tout ça a été pour nous une grosse expérience. Au-delà de l’expérience technologique, parce qu’il y avait beaucoup de matériel vu qu’il s’agissait vraiment d’un gros studio, ça a été une grosse expérience humaine.
Tu sais, passer un mois enfermé avec des gens que tu connais peu (les équipes techniques, agents, producteur…) c’est assez déroutant. En plus de tout ça, on était dans un autre pays, tu parles pas forcément leurs langues et eux ne parlent pas forcément la tienne non plus. Donc en un mois il peut s’en passer des choses…


On a donc pu creuser les morceaux réellement en profondeur avec Peter Junge notre producteur. On a beaucoup expérimenté, puis surtout on a vécu de toute façon des choses extras même en dehors de la musique. Il en ressort une expérience assez unique pour chacun d’entre nous.

Vous parliez sur vos réseaux sociaux fin décembre d’une petite nouveauté, puisqu’en effet, c’est cette fois-ci Katy et Will (ndlr: les 2 autres membres du groupe) qui ont enregistré les chœurs, si on peut les appeler comme ça… C’était une première pour vous non ?

Oui tout à fait, on a profité de tout cet accompagnement pour pouvoir enregistrer d’une manière différente. Il y a certaines choses qu’on peut entendre. Mais après honnêtement, je mets n’importe qui au défi de savoir qui fait quoi sur quel morceau. Car il y a vraiment beaucoup de choses et d’infos sur cet album.


Mais il faut souligner l’importance de Peter, car il nous a permis de faire des choses auxquelles on aurait pas pensé. Et on a vraiment beaucoup appris. Il nous a vraiment poussé dans nos retranchements et c’est aussi ce qui donne ce résultat singulier pour le prochain album.

Il vous a sorti de votre zone de confort ?

Oui d’une certaine façon. Il nous a un peu redonné le goût de l’aventure pour faire des choses qu’on a plus ou pas l’habitude de faire, et ça a été bénéfique !

Vous avez publié sur vos réseaux sociaux, beaucoup de photos de vos sessions d’enregistrements, est-ce que c’était pour vous une manière de rester proche de votre public ?

Pas vraiment, puisqu’on n’est pas trop réseaux sociaux. On ne pourrait pas l’expliquer mais on ressent pas le besoin de s’en servir. Donc souvent quand on le fait, c’est pour satisfaire les gens. Notre public, qui veut savoir «où en est le prochain album ?», « quand sortira il ?», «qu’est-ce que vous faites en ce moment ?». Ce qui nous met une pression monstre donc c’est pas mal. On ne fait pas du tout ça dans l’idée de créer le buzz. C’est vraiment un rapport innocent qu’on a avec tous ces outils. On cherche d’abord à satisfaire une demande
On a une fanbase qui nous suit, on a cette chance donc on ne se plaint pas de devoir les fidéliser.

Je me demandais en fait si ça avait été pour vous une manière d’exister dans cette période troublée ?

Concernant cette période troublée, elle est en effet très perturbante. Mais je pense que c’est quelque chose de bien. Par bien, j’entends nécessaire.
En fait, en regardant tout ça au sens large, on est forcé de se remettre en question. Et c’est quelque chose qui à mon sens n’avait pas lieu d’être avant. On ne pouvait pas forcément prendre le temps d’analyser nos faits et gestes.
Alors on est obligé parce que quelque chose nous empêche de vivre comme d’habitude.
Mais autrement le groupe approche cette période incertaine de manière positive, parce que c’est ce qui nous définit. Mais aussi parce que tout le monde est un peu forcé à se remettre en question et à s’analyser. Et je pense que c’est quelque chose de bien, car une fois qu’on sera sorti de tout ça on devrait garder que le positif de cette grande réflexion.

Vous aviez quelques dates de prévues, notamment avec Klone, quand pensez-vous pouvoir enfin reprendre la scène ?

J’aimerais tellement pouvoir te donner une réponse… On a des espérances comme tout le monde. Notamment celle que les festivals reprennent un peu cet été. Mais malheureusement on sait déjà que ça sera compliqué. Si tout va bien, les concerts pourront reprendre en septembre 2021, mais on sait déjà que ça sera très compliqué. Car là je te dis ça, mais c’est vraiment dans le meilleur des cas.
Nous planifions beaucoup de choses avec nos agents, mais uniquement pour 2022. Parce qu’on refuse de se faire des films. Tu sais ça sera long, car il va y avoir beaucoup de nouvelles lois de sécurités, et en plus de ça pour nous qui jouons beaucoup à l’étranger, chaque pays avance et continuera d’avancer à son rythme. Alors prévoir une tournée sera forcément très compliqué. On espère que tout ira pour le mieux en 2021, qu’on évitera au maximum la casse. On prend les choses comme elles viennent, et on espère pouvoir revenir à la normale en 2022.

Alors sur ce point, comment avez-vous abordé les confinements ?


On a de la chance car on habite en pleine cambrousse. Donc on a la chance d’avoir pu profiter de notre terrain et pouvoir prendre l’air. Même si ça nous a coupé de notre milieu professionnel, on a pu faire quelque chose de différent. C’est-à-dire, rester chez nous, s’occuper de nous et de nos maisons. Ce qui pour nous est un luxe. Puisqu’on n’arrête jamais, on est toujours à l’étranger ou en train de répéter.
Mais on sait bien que ce n’est pas le cas de tout le monde et que c’est beaucoup plus compliqué pour certains.

Le mot de la fin ?

J’ai envie de dire que beaucoup de gens ont travaillé sur notre nouvel album et qu’on aimerait vraiment les remercier.


Je pense forcément à notre producteur. Mais aussi à Michaël André qui a créé tous les visuels de l’album. Et bien sûr nos agents, le label, et tous ces gens là avec qui on travaille et qui nous apportent beaucoup. On est super content d’eux. Alors si l’album plaît à certaines personnes, je les encourage à penser à toute cette équipe qui nous entoure.

Et enfin par-dessus tout, encourager les gens à profiter de la musique et supporter la musique et leur scène locale. On en a besoin. Ça fait une dizaine d’années que tous les groupes font chier avec ça, mais aujourd’hui on en a besoin plus que jamais. On a besoin de l’art et de la musique pour exister. Le si peu qu’il y a, il faut le supporter.

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