Le Dreamer Fest II

Slaytanic  a couvert la seconde édition du Dreamer Fest les 19 et 20 mai dernier. Organisé par l’association AMA et en partenariat avec le Dream’s. Tout le monde s’est à  Saint-Omer, Salle Vauban.
On vous laisse vous délecter en images…. mais pas que !

Salle Vauban

Au programme le vendredi 19:

Le Dreamer Fest, second du nom, avait une affiche alléchante cette année. En effet, après avoir accueilli lors de l’édition 2016 des groupes comme Zoé, Tri[Balles] et The Lumberjack Feedback, l’équipe de Saint Omer avait décidé de sortir l’artillerie lourde histoire de marquer le coup. Et quel coup ! Deux jours, deux types de scènes pour ratisser large !

Et le premier jour de commencer avec Letters Written On Dead Leaves et ce savant mélange des genres. Le groupe emmené par les frères Dallery, l’ex-Belenos Guillaume en tête, propose un metal plus atmosphérique que progressif mais c’est tellement bien ficelé qu’à la fin, on s’en fout : les changements de rythmes, les modulations dans le chant, les passages aériens puis lourds, tout dans la musique des Boulonnais est fait pour que le public se laisse embarquer dans un voyage qui n’est pas de tout repos bien qu’il ne soit que très rarement violent. Le public commence à se rassembler, dans un calme et une attention qui confère à ce premier concert du jour une aura très particulière.

Luda sait faire le job, ça ne fait aucun doute. Et même si la prestation du jour était marquée par le départ de leur batteur Romain, annoncé non sans émotion par Loic, leur chanteur, le groupe n’a absolument pas fait offense à sa réputation grandissante. Quand on surfe sur les traces de groupes comme The Ocean ou Cult Of Luna, il faut savoir rester en place et ne pas montrer de signes de faiblesses. Et là, belle claque ! Bien que la différence ait du mal à se faire ressentir – tout comme la complémentarité – entre les deux bassistes, la percussion est malgré tout l’un des maîtres-mots du groupe. Luda a su faire monter la pression, en assurant un set puissant, complet, empli d’un ensemble d’émotions et faisant les montagnes russes avec la richesse musicale qui leur sied bien jusqu’à ce que les lumières se rallument, mettant fin à un moment plus qu’appréciable.

Après deux groupes, force est de constater quelques petites choses : déjà, la salle Vauban, bien qu’elle ne paie pas de mine est franchement agréable et la scène bien que basse se veut franchement large, bien plus que certaines planches plus renommées de la région. Et tout ça va de pair avec un son aussi bon que surprenant et une équipe du Dreamer Fest vraiment cool, aux petits soins et sans prise de tête aucune.

Passons à Monsters et son set plus sombre, beaucoup moins frontal que celui de Luda mais pas moins intéressant pour autant. Plus chaud dans le style, le quatuor emmené par Arnaud (aussi chanteur One Eye Dollar) ne laisse pas indifférent bien que la percussion paraisse moins puissante et le set moins rentre-dedans. Passé cette impression un peu décevante, le set prend vraiment son envol à mesure que le chant du frontman se montre précis, touchant et empreint d’une farouche maîtrise, sur laquelle viennent se poser des passages mélodiques finement léchés parfois fracassés par une touche plus violente, notamment avec l’appui d’une seconde voix. Monsters a pu se montrer à la hauteur de l’événement, bien que le côté plus aérien du genre ait un peu fait retomber la pression.

Avec Noise Emission Control, on sait déjà que ça remuer : bingo !
On pourrait dire que le quatuor arrive avec un nouvel opus sous le coude.
On pourrait dire aussi que ça ramone toujours délicieusement les conduits auditifs et donne un sérieux coup de pied au cul à grands coups de riffs motivants et rageurs, de plans bien claqués et de paroles judicieusement envoyées dans les têtes qui se secouent devant la scène.
On pourrait aussi dire que le plaisir qui ressort des sourires de Dany, Toff et Dav n’est pas feint.
On pourrait dire que le genou de Fred a pris cher dans un excès de surexcitation témoignant – pour ceux qui ne le sauraient toujours pas – que quand les NEC débarquent, c’est casque intégral obligatoire tant l’attaque est frontale !
On pourrait dire tout ça, c’est vrai. Mais ce ne serait là que paroles vaines : pour Noise Emission Control, la scène, c’est là où tout se passe. Et putain qu’ils le font bien les bougres.

Wild c’est franchement la garantie d’un concert réussi. Le groupe, toujours emmené par Jérôme Thilly (comment en serait-il autrement ?) mais avec un line-up qui a encore évolué, bénéficie toujours d’une aura indéfectible et d’une solide réputation acquise autant sur scène que sur galette. Et de galette, il va en être question en ce premier soir (non, personne n’a vomi…) car les Wild sortent en cette fin mai (le 26) leur nouvel opus j’ai nommé « Purgatorius » (et c’est du bon, du très bon album). Et dire qu’ils vont donner la part belle à ce nouveau bébé n’est qu’un doux euphémisme avec six ou sept titres de ce nouveau chapitre des Nordistes. 

Et à ce petit jeu, ce sont « Holy Grail » et « The Blind Man » qui, personnellement, tirent leur épingle du jeu. La présence scénique est incontestable, le plaisir est vraiment palpable et ça fait toujours plaisir de voir ce groupe, toujours en forme et toujours motivé. La reprise de Gojira (Lizzard Skin), bien que très bien interprétée, n’a pas le même poids ni la même puissance qu’une bonne reprise de Pantera (« Mouth For War » comme à la parade) mais les choix sont ainsi faits qu’on ne peut contenter tout le monde.
Et c’est avec « Wake Initiated Lucid Dream » que le premier jour marqué au fer rouge de l’empreinte nordiste de ce Dreamer Fest vient fermer ses portes (avec une bonne heure de retard mais c’était tellement bon qu’on ne s’en était pas rendu compte).

Au programme le  samedi 20 mai :

Retour à la salle Vauban pour ce second jour qui promet des tartines à la pelle. La scène est différente, plus marquée deathcore et hardcore, c’est pourquoi le public du jour est résolument différent de celui présent lors du vendredi soir. Qu’à cela ne tienne, Shadows Of Shiva ouvre les hostilités sans fioritures. Pas de batterie ni de basse, une grosse bande son pour les orchestrations et la batterie et le trio local échauffe un peu son monde avec un deathcore maîtrisé mais que ne s’aventure jamais en dehors des sentiers déjà tant de fois battus.

Changement de programme avec Aphrodite’s Baby et un mix des genres entre hardcore et rock déglingué : ça communique, ça se prend pas au sérieux et si les titres sont cools et passent comme papa dans maman, chaque changement de titres occasionne ou une barre de rire ou un moment WTF mais comme le groupe de Sevran le dit lui-même par l’intermédiaire d’Anthony : « on s’en fout, on joue pas longtemps ! ». Alors pourquoi se prendre la tête !? Et c’est là où Aphrodite’s Baby réussit son office : pas de prise de tête, pas de fioriture, pas de riffs technico-shredo-inutiles, non c’est du direct, frontal, claquant avec cette pointe bien crade qui rappelle les heures passées du hardcore des familles ! Bref, c’est rafraîchissant tout ça.

Et question famille, ça va taper sec avec les Netfastcore, presque quinze ans et toutes leurs dents (mention non garantie pour le public qui les suit assidûment depuis toutes ces années). Alors toujours fidèle à leur distribution de tartes aux boulons, le groupe emmené par un Gauthier sur-motivé ne va pas mettre mille ans à foutre le bordel et réveiller un public qui n’en demandait pas tant : tout acquis à la cause des Boulonnais, celui-ci se presse, se tasse, va hurler ce qu’il peut et prend un pied comme jamais pris depuis le départ de cette seconde journée (pas la peine de comparer avec la veille !) et ça va – enfin – commencer à transpirer dans l’assistance !

Colossus a subi et subit encore une vraie révolution : le départ d’abord d’un de ses deux hurleurs fous et aujourd’hui la der de Romain derrière les fûts. Et l’occasion était trop belle pour ne pas foutre un dernier foutoir en famille : en un mot comme en cent, le résultat est là !
Alliant une recherche technique à t’en péter les cartilages (ceux qui ont de l’arthrose, s’abstenir) à une férocité dingue et ce, peu importe l’instru, les Colossus n’ont pas eu besoin de grand-chose pour montrer que ça tabasse toujours autant les mâchoires. Puissant et racé, le death technique, le deathcore brutal, merde, le death-tech-core se déploît sans jamais perdre en force ni brutalité.

Jordan vient même en remettre une couche car n’ayant plus les deux voix distinctes, les nuances sont moindres et le rendu sur le chant se montre beaucoup plus massif que par le passé. Surprenant au départ, on s’en remet vite et on apprécie ce côté plus brut de fonderie assez rapidement. Que dire d’autre ? Le successeur de « Lobotocracy » étant sur le feu, le jeu n’était pas de faire une date promo mais bien de prendre son pied tout en en collant quelques-unes par-ci par-là et à ce petit jeu, le groupe de Noeux-Les-Mines n’a pas besoin de forcer la cadence ni de surjouer. Violence, technicité, brutalité et mélodie, si c’est mal dosé ça peut vite donner un truc infâme. Mais c’est mal les connaitre. Tu manqueras Romain.

Alors est-ce l’heure qui passe, le trop plein d’émotion ou simplement l’appel de l’estomac mais que ce fut surprenant de voir une salle aussi vide alors que le groupe francilien When Reasons Collapse prend possession des lieux. Alors que le style du groupe devrait initier moshing, headbanging ou n’importe quoi dans le public (on va pas aller jusqu’à la chenille quand même…), Cristina & co démarre tambour battant devant un parterre plus que léger ! Que l’on se rassure ça va vite changer mais les premières minutes du set de WRC auraient pu allègrement semer le doute. Et si doute il y a eu, votre serviteur n’en a ressenti nullement les effets. 

Avec l’album « Dark Passengers » et quelques titres plus anciens (notamment « Full Of Lies »), le quintet va faire ce qu’il fait de mieux : planter les banderilles en se foutant du reste. Alors oui, le style peut diviser, notamment au niveau du chant mais aucun doute n’est permis sur une chose : la rage qui est envoyée est sincère, nullement retenue ni même faite pour « faire comme si ». Le côté mélodique des compos du groupe a un peu de mal à passer mais c’est dans les passages les plus brutaux que le ressenti se fait le plus percutant autant par la force envoyée par les riffs du groupes que par l’énorme prestation du trio Michaël / Julien / Thierry qui font feu de tout bois sur la scène de Saint Omer.

Fin du match pour ce festival où ce sont de délicieuses mélodies, couplées à des envolées lyriques de premier choix qui vont résonner dans la salle. Oui parce que Benighted, c’est que de l’amour : des tonnes de câlins, de la sueur et du son, les amis, du son ! Que pourrait-on dire d’original sur la prestation de nos fiers représentants du metal extrême national ? Déjà, on retrouve Kevin Foley derrière les fûts en l’absence de Romain Goulon et Pierre Arnoux, officiant à la gratte en lieu et place de Fack, il me semble que c’est Charles Collette (ex The Walking Dead Orchestra) qui tient le plus long manche du soir (heum…).

Sinon, le set fut une véritable boucherie : la salle était chauffée à blanc et les titres ont déferlé sans jamais s’arrêter. Enfin presque ! Un intermède avant « Reptilian » et une marée humaine sur la scène durant « Asylum Cave » où le groupe complet était submergé par le public, Emmanuel allant jusqu’à jouer dans la fosse, vide et donc respirable.
La force de Benighted, outre la gentillesse de ses membres, c’est la générosité que ce soit dans les intentions – des sets toujours au maximum des possibilités –, dans la violence – « Let The Blood Spill Between My Broken Teeth » ou comment c’est devenu un hymne à te rendre aphone (cinq jours pour retrouver ma voix) – et dans la spontanéité. Et le public de Saint Omer de leur rendre tout ça de la meilleure des façons : ça fracasse, ça court, ça hurle, c’est la BAGAAAAAAAARRE !  

La setlist est démente, la fusion est totale et le rendu est jouissif. Benighted a, on ne sait trop comment d’ailleurs, marqué d’une manière ou d’une autre la région Nord. A chacun de leur passage, le monde est là, le plaisir est grand et partagé, la claque toujours phénoménale.

Bravo au Dream Fest, à son équipe, aux groupes et au public pour cette excellente seconde édition. Un grand merci à Val pour sa confiance, aux bénévoles tous excellents, aux équipes techniques (ce son et ces lumières, un régal) à la sécu et à toutes les personnes qui étaient là et qui ont fait de cette édition une belle date qui a vu la région mise en avant à travers ses excellents groupes (quelques-uns seulement car il y en a vraiment un sacré paquet…), son public différent d’un jour à l’autre mais non sans respect et passion et son accueil. Vivement l’annonce de l’édition III !

A propos Mlle S

Créatrice de Roar, Photos, Live-report, Interviews, Chroniques.
Pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés