Interview Victor Pépin : Festival 666
Prolongeant les festivités en enfer jusqu’en août depuis 3 ans, le Festival 666 souhaite s’inscrire dans le prolongement des grands festivals metal, principale influence de notre scène préférée. À 6(66) mois de l’ouverture de la 3ème édition, nous avons pu nous entretenir avec Victor Pépin, directeur du Festival.
Bonjour Victor, merci de répondre à cette interview ! Tu es le président, directeur et principal programmateur de l’association et du Festival 666, peux-tu te présenter ainsi que ton festival ?
Bonjour, je m’appelle Victor Pépin, j’ai eu 18 ans tout récemment. J’habite, si on peut dire, à la « campagne » à Cercoux près de Bordeaux. Je suis au lycée, en terminale ES, je vais donc passer mon bac cette année.
J’ai créé l’association, puis le Festival 666 avec l’aide d’amis en septembre 2017. Cette association est née d’une passion commune pour les concerts et plus particulièrement pour la musique Live dans le cadre de Festivals.
Bien sûr on a eu besoin dans un premier temps de l’aide de nos parents pour pouvoir nous lancer et avoir un budget solide. Sans parler de monter un festival de très grande envergure, c’était important pour nous de proposer un vrai projet et ne pas simplement faire de la figuration.
On s’est donc entouré d’acteurs locaux pour nous aider, comme la Mairie qui joue un grand rôle dans l’accompagnement de notre festival. On s’est aussi assuré de l’aide de nombreux bénévoles afin de pouvoir préparer notre projet à l’avance. On voulait avant tout se faire plaisir mais en se prenant pas au sérieux.
Depuis quand cette passion pour la musique et le metal ?
J’ai grandi dans un univers assez musical. Mes parents m’ont fait écouter de la musique depuis très jeune, je joue du piano et de la batterie. Pour ce qui est du metal, c’est mon père qui m’a initié !
Grand fan de hard rock et de heavy metal, il m’a rapidement fait découvrir les groupes qu’il aimait. Il m’a donc très vite transmis sa passion ! C’est donc à 12 ans que je suis allé à mon premier Hellfest, et j’ai eu beaucoup de chance car il s’agissait de l’édition culte de 2014 avec Aerosmith, Black Sabbath et Iron Maiden ! C’était mes groupes préférés. Surtout Maiden !
Et donc après avoir pris une des plus grosses claques de ma vie, je suis retourné au Hellfest chaque année et sans aucune déception !
Tu as donc, à 18 ans, décidé d’organiser un Fest Metal dans ta ville, comment t’es venu cette idée, comment as-tu décidé de te lancer dans cette aventure ?
Après le HELLFEST 2017 où j’ai passé pas mal de temps sur la Warzone il m’est venu cette idée. Je voyais des groupes comme Tagada Jones ou The Decline, et j’ai eu envie de faire jouer ces groupes là !
Alors bien sur je me suis pas dit «tiens trouvons plusieurs millions d’Euros et montons un truc aussi gros que le HELLFEST» non. Mais de faire un truc à mon envergure et faire jouer des groupes que j’aime, ça oui ! C’était vraiment quelque chose qui me parlait ! Donc ça c’est l’événement déclencheur.
Mais ce qui a grandement joué aussi c’est qu’en 2016, toujours au HELLFEST, après avoir vu Raveneye sur la Mainstage on a sympathisé avec eux. En fait on avait vraiment adoré leur concert. Et à la fin de ce concert ils ont expliqué au public qu’ils pouvaient jouer dans leurs jardins si les gens les contactaient. C’est ce qu’on a fait avec mon père. On leur a envoyé un mail et ils se sont retrouvé en 2016 puis en 2017 à jouer dans notre jardin.
Et à la fin du HF 2017 quand j’ai eu envie de monter mon festival j’ai dit à mon père (sans forcément lui parler de mes idées) « tiens si on invitait un deuxième groupe pour jouer dans notre jardin ? » et mon père qui me répond « Bah tu sais quoi ? Crée toi un Festival ». Il n’a pas eu besoin de me le répéter 2 fois !
Quel était ton budget de départ ?
Quand on a monté le festival, on a réussit ,avec l’aide de toutes les personnes dont je t’ai parlé au début, à réunir 25000 Euros. Ça c’était pour notre première édition. Pour la deuxième on a réussit à doubler ce budget.
Opération qu’on a renouvelé cette année puisqu’on a de nouveau doublé notre budget. On en est d’ailleurs très content, ça nous permet d’avancer ! Il s’agit donc de la 3e édition du Festival 666, cette année le festival semble encore prendre de l’ampleur ! Phil Campbell, Mass Hysteria, Rise Of The Northstars pour ne citer que les 3 gros noms de cette édition…
La programmation de cette édition est-elle terminée ?
Oui je suis vraiment content de l’édition de cette année ! Tous les noms ont été annoncés. Bon si tu suis l’actualité de gros festivals comme le Wacken ou le HELLFEST, je ne vais pas t’apprendre grand chose !
Mais pour mieux t’expliquer, on commence à préparer notre programmation fin juillet/ début août. Et comme je me doute que tu vas me poser la question, j’ai déjà des idées de noms pour l’édition de 2021 mais vraiment rien de très précis ! C’est moi qui dirige la programmation donc quand j’aime un groupe, forcément je vois s’il y a moyen de le faire jouer.
Pour rester sur la programmation, on remarque bien évidemment une majorité de groupe associés au Punk/Hardcore ou au Hard Rock, aimerais tu dans le futur creuser d’autres horizons en proposant des groupes plus extrêmes ?
Je pense notamment à la scène black et death metal…
Pour répondre à ta question je te dirai que ça arrivera sûrement un jour ! Quand on voit la popularité du death aujourd’hui c’est compliqué de s’y opposer. Donc si l’occasion se présente à nous de faire jouer un groupe de cette scène là, oui pourquoi pas !
Maintenant, je t’avoue que je ne suis pas le plus grand fan de ces musiques (surtout du black) et que comme je te le disais, je fais en fonction de mes goûts et de ce que demande les festivaliers. Dans tous les cas, notre ligne directive c’est de proposer une majorité de groupes français !
Alors oui on avait Chris Slade l’année dernière et Phil Cambell cette année. Mais autrement c’est avant tout des groupes français ! Et quand je te dis pour des groupes plus extrêmes «si l’occasion se présente», c’est parce que c’est ce qu’il s’est passé pour Phil Campbell et Chris Slade. Outre que ça soit 2 légendes sacrées, on a eu l’occasion de les faire jouer alors on l’a fait.
Mais une partie de notre identité réside dans le fait d’avoir le plus de groupes français possible.
Es-tu rattaché à un genre particulier ? Par exemple le South Troopers Festival propose une affiche 100% Heavy Metal, cherches-tu au contraire à proposer une affiche très éclectique ?
Nous, on porte une attention particulière à plaire à nos festivaliers. Donc on essaie au niveau des styles que la prog soit la plus éclectique possible pour accueillir le plus de fans !
Donc un peu de punk, de Hard Rock, du heavy et en faire un mélange éclectique. Après ce sont des styles qui me plaisent donc forcément je creuse dans ce sens là. Par contre trop d’éclectisme tue l’éclectisme ! Ce qui est sûr c’est qu’on proposera jamais du hip-hop ou de l’électro sur nos affiches ! Du rock, du metal, du punk !
C’est ça qu’on aime ! Les réactions sur le fest sont très positives !
Ces retours t’encouragent-t-ils à continuer et à proposer un festival encore meilleur ?
Oui carrément ! Rien qu’à voir les avis sur notre Facebook ! Les gens sont très contents de ce festival ! La plupart nous remercie même car, tu dois le savoir mieux que moi, le sud de la France est le grand oublié des tournées et événements metal !
Donc ça permet aux groupes de jouer dans des coins où ils n’ont pas l’habitude de le faire. Comme on est un petit festival, je discute énormément avec les gens, beaucoup nous félicite ! Mais bien sûr je porte une très grande attention aux points négatifs. Ça m’est arrivé de parler à des personnes qui trouvaient certains points fragiles.
Du coup cette année on a amélioré ces points qui portait notamment sur le merchandising. C’est peut-être le plus important d’être à l’écoute des festivaliers. On ne peut que remarquer le développement de ton festival en seulement 3 ans, il suffit de regarder l’affiche et d’observer la présence de groupes internationaux.
As-tu des objectifs particulier pour le futur ? Des points précis que tu souhaites améliorer ?
C’est de la passion donc on se rend même pas compte qu’on bosse ! Moi mon rêve c’est de pouvoir développer le festival afin de pouvoir en vivre ! Ça serait génial ! Surtout à mon âge c’est que du bonheur ! Le festival se déroulait jusqu’à présent dans la salle des fêtes de Cercoux.
On a pu voir avec ton annonce de la semaine dernière que des concerts se dérouleraient sur des scènes en plein air, tu peux nous en parler ?
Bien-sur ! En fait depuis nos 2 premières éditions, les concerts se déroulaient en alternance entre la salle des fêtes de la Mairie de Cercoux et une autre scène en plein air qui était en fait située sur le parvis de la Salle des fêtes. Le problème c’est que la jauge de la salle de la Mairie est limitée à 600 personnes. Et nous comme on veut grandir, on a entamé des discussions avec la mairie afin de proposer 2 scènes en plein air !
Du coup, pour cette année les concerts se dérouleront exclusivement en plein air, et on continue d’utiliser la salle des fêtes qui elle devient un espace market.
Y-a-t-il un esprit Festival 666 ? Ou une identité propre que tu cherches à créer ?
Alors, on aimerait proposer à termes des infrastructures qui nous seraient propres mais pour l’instant on est encore un peu petit pour proposer ce genre de choses. Mais dès la première édition, on a cherché à se créer une identité qui se traduit visuellement sur l’affiche.
Sur les affiches de nos 3 éditions tu retrouves le même personnages mi-clown/mi-diablotin que tu continueras de retrouver dans le futur. Le personnage a été baptisé Charlie par les festivaliers, et même s’il ne lui ressemble pas, il est grandement inspirée par Eddie la mascotte de MAIDEN.
Peux-tu nous faire un point sur la vente des billets ?
Alors pour ce qui est de cette édition il est toujours possible d’en trouver. L’année dernière on a réussit à être complet pour la 2ème soirée ce qui forcément laisse un certain sentiment de fierté !
Pour ce qui est de la vente des billets, on les vends surtout au dernier moment, au mois d’août. Les gens se décident un peu au dernier moment de ce qu’ils font à cette période là. Et puis des facteurs comme les vacances entrent en jeu mais aussi la météo. On vend beaucoup de billets le jour-même, ce qui explique le sold-out de l’année dernière. Mais grosso-modo on vend 50 à 60% des billets en pré-vente.
On a l’impression que de plus en plus de personnes rêvent de sauter le pas et d’organiser un festival, des conseils à leur donner ?
Franchement ? Foncer ! C’est une des plus belles aventures qu’il soit ! Personnes ne peut prédire ce qu’il se passera. Puis au pire ça marche pas ? Assurez vos arrières histoire de pas avoir de problèmes mais autrement tentez le coup. Faites attention à bien vous encadrer et trouver des personnes aussi sérieuse sque possible. N’hésitez pas à prendre contact avec des groupes qui vous paraissent trop gros. S’ils refusent ça ne sera pas perdu puisqu’au moins vous aurez fait connaissance et vous pourrez les recontacter plus tard.
Mais franchement il ne faut pas hésiter. Pour nous ça a été tout simple ! Quand j’ai eu l’idée j’en ai parlé avec la mairie lors d’une fête votive. J’ai juste parlé avec le maire de l’idée que j’avais dans le coin de la tête et de suite il a accroché ! Donc mon conseil c’est : prenez contact avec votre mairie, et surtout amusez-vous !
Un groupe préféré que tu rêves de faire jouer ?
(Soyons fou) Sans hésitations aucune, Mass Hysteria et Gojira ! Donc quand je te dis que cette année je suis particulièrement heureux de la programmation c’est pas une blague ! Déjà comme je te l’ai expliqué, notre objectif c’est d’avoir une majorité de groupe français et d’en faire la promotion ! Donc les 2 leaders de la scène sont bien sur Mass Hysteria et Gojira, mais en dehors de ça ce sont surtout mes 2 groupes préférés !
On arrive sur les dernières questions ton pire moment au festival ?
Alors j’ai une idée assez précise ! Bon aucun rapport avec Manowar… Lors du samedi de la dernière édition, je me suis sentis très mal. Il faisait presque 40°c ! Sans manger ni boire pendant un bon bout de temps, plus forcément la fatigue et la pression que t’as pour que tout soit parfait, je ne suis pas passé loin de tourner de l’œil ! Mais bon plus de peur que de mal.
Je n’ai pas réellement de moment qui me vient à l’esprit puisque chaque instant en rapport avec le festival me remplit de bonheur ! Vraiment, à chaque fois c’est deux jours de joie, de plaisir et de passion. On passe vraiment 2 superbes journées avec les artistes, les bénévoles, les festivaliers! Puis moi c’est la passion avant tout, donc je suis pas enfermé dans ma tour d’ivoire. Au contraire ! Dès que l’occasion se présente je vais dans le pogo et profiter des concerts !
Le mot de la fin ?
On est une équipe de jeunes passionnés, des jeunes bénévoles qui se donnent à fond pour proposer le meilleur d’eux-mêmes ! Et surtout le meilleur festival possible en restant dans notre passion qu’on a pour le metal !
