Hellfest Jour 2 – Première Partie

Hellfest Jour 2 – Première Partie

Samedi 17 juin

Le samedi ça pique, ça tire, ça entame les bonnes résolutions et ce n’est pas toujours facile de se remettre dans le bain d’entrée. En témoigne la foule bien plus clairsemée sur les premiers concerts, alors que la vielle les rangs étaient serrés et denses. Chacun cherche sa potion magique pour démarrer, Jager ou café, et qu’on soit diesel ou essence, il va falloir une fois de plus avaler des kilomètres, de la poussière et du son.

Oh oui du son !!! Vous noterez l’importance et le rapport intrinsèque entre son et petit déjeuner chez le reporter metalleux en lisant les deux premiers reports ci-dessous. Et grâce à ce bon petit dej’ fort en son et en avoine (dans ta gueule) Otis et Hyrkhnoss se sont même réconciliés autour de Monolithe,  s’étant bagarrés la veille pour les beaux chevaux de Rob Zombie !

Los Disidentes Del Sucio Motel – The Valley – 10:30

On nous en avait vanté les mérites avec insistance, on avait pas mal accroché sur  leur dernier album Human Collapse. C’est donc avec grande hâte que l’on se presse vers la Valley pour découvrir les Strasbourgeois de Los Disidentes Del Sucio Motel. Un gros bout de stoner, un esprit sludge et quelques touches noisy. Que rêver de mieux en guise de petit déjeuner ? D’autant plus lorsque l’envie et la joie d’être sur scène se lisent sur les visages de nos hôtes. En bref, une bûche de qualité française, avec l’énergie et le son qui vont avec. On retiendra également l’excellente reprise de “Welcome To The Machine” de Pink Floyd. Une prestation qui réveille et met de bon pied pour affronter cette deuxième journée.

(Otis)

Vortex Of End – Altar – 10:30

 À peine remis des événements de la veille, on attaque directement cette deuxième journée avec Vortex Of End qui déclenche gaiement les hostilités à l’heure du petit déjeuner. Là où la plupart des festivaliers comatent de la veille, une poignée d’irréductibles est venue se faire terminer par le rouleau compresseur français signé chez Deadlight Entertainment. Leur mélange de black et de death metal ne laisse place à aucune concession et le groupe ne s’embarrasse d’aucune fioriture sur scène. En à peine trente minutes, Vortex Of End nous a montré un très gros potentiel. Lourd !

(Hyrkhnoss)

Monolithe – Temple – 11:05

By Otis: Premier passage par la Temple du week-end, pour soutenir Monolithe. Malgré leurs 16 ans de carrière et leurs 6 albums, c’est la première fois que l’on retrouve les Français du côté de Clisson. Une petite foule de curieux se masse devant les barrières pour découvrir le funeral doom du septet. Avec un temps de set si court, il aurait semblé difficile pour le groupe de nous faire dignement profiter de  son dernier album Zeta Reticuli, les trois morceaux le composant atteignant chacun 15 minutes. Mais Monolithe s’en est très bien sorti, en proposant une intro reprenant certains thèmes de « TM-0 » (sur l’album précédent, Epsilon Aurigae) et « TM-1″, avant d’attaquer sur des versions adaptées d’ »Ecumenopolis » et « The Barren Depths » (introduit comme « déjà notre dernier morceau », au bout d’un quart d’heure de set… doom bands problems). On tire notre chapeau pour ce challenge, qui a permis de mettre le pied dans l’univers particulier du groupe, mené par le charismatique Richard Loudin et sa voix d’outre-tombe. On apprendra quelques jours plus tard qu’il s’agissait de son dernier concert avec la formation.

By Hyrkhnoss : Quoi de mieux à une heure aussi matinale que de se laisser emporter par les litanies de Monolithe. A travers leur doom traditionnel, les français nous plongent dans leur univers mélancolique et éthéré à l’ombre de la Temple. On se retrouve englouti dans une sorte de torpeur bienvenue pour que l’on prenne goût à ce voyage initiatique. Un concert ne se décrit pas, il se vit pleinement et c’est un bien beau concert que nous offre Monolithe.

Primitive Man -Valley – 11:40

Le Hellfest c’est aussi passer d’un extrême à l’autre. Après le doom de Monolithe, bienvenue dans l’empire du sale, le royaume de Primitive Man. Les gars ne sont clairement pas là pour rigoler. Le chapiteau de la Valley se remplit d’un sludge mâtiné de death metal pour un résultat lourd, sale, oppressant et poisseux. Primitive Man est la grosse bûche de la matinée. Une véritable chape de plomb s’abat sous la tente avec un sentiment de malaise profond qui s’installe pour ne plus nous quitter. Pour faire simple, Primitive Man serait la bande son idéale pour un film post apocalyptique à la Mad Max.

(Hyrkhnoss)

Insanity Alert – The Warzone – 12:15

Et le prix Jango Edwards du concert le plus  débile du Hellfest 2017 est attribué à… Insanity Alert! Les Autrichiens, adeptes notamment d’un crossover thrash joué à toute berzingue et de consommation de marie-jeanne, ont particulièrement brillé par leurs pitreries du côté de la Warzone. Néanmoins, leur mot d’ordre était bien simple : tout casser. “As we say in Austria… ALLES KAPUTT IN EINER MINUTE”, nous lance le chanteur Heavy Kevy, accoutré d’une camisole de force. Et Insanity Alert a tenu sa promesse. C’est la folie dans le pit, et la poussière s’élève en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Conscient de peut-être se produire devant un parterre de curieux, les quatre trublions n’ont pas hésité à carrément apporter leurs propres pancartes délivrant quelques messages fédérateurs (“FUCK THIS SHIT!”, “LEMMY SAVES”, bah oui forcément) ou reprenant les punchlines de leurs morceaux. Pas con. Et le pire, c’est que ça marche. Il suffit de voir le répondant face à leur version de “Run To The Hills”, repabtisée “Run To The Pit”. 30 minutes de portnawak gaiement et excellemment exécutées, par une des révélations de cette cuvée. Mosh for your life !

(Otis)

Monarque – Temple – 12:15

 Après Cryptopsy hier, le Québec est de nouveau à l’honneur avec l’un des fers de lance du metal noir québécois (aux côtés de Sorcier des Glaces, Forteresse, etc). Fort de sa notoriété, de sa rareté et malgré une absence totale d’actualité, la Temple est pleine à craquer pour savourer le rituel occulte orchestré par nos cousins d’outre-Atlantique. Cachés sous de longs manteaux noirs et les visages recouverts d’un maquillage travaillé, Monarque délivre une musique sombre et cruelle, froide et lugubre. Elle nous plonge instantanément dans les grandes forêts enneigées de leur province, dans les déserts de glace du Grand Nord canadien. Le concert à ne pas rater pour tout fan de black metal qui se respecte, c’était qui ? C’était Monarque. Hail Satan !

(Hyrkhnoss)

 Monkey3 – Valley – 12:50

Après être furtivement passé devant Ultra Vomit et esquissé quelques irrésistibles sourires, notre chemin nous guide vers la Valley pour apprécier Monkey3. Deuxième passage à Clisson pour les Suisses, qui y avaient posé leurs bagages en 2012, année officielle d’érection de notre sacrosainte Valley. Quand nous arrivons en ce samedi après-midi, le set est déjà bien entamé, et le public se montre particulièrement envoûté par cet hybride de stoner, de psyché et de post metal qui nous est proposé. La recette fonctionne très bien, et il suffit de fermer les yeux pour être transporté dans un monde parallèle où se déchaînent les éléments. Terre, feu, vent et eau font partie intégrante de la prestation, en vertu de leurs représentations symboliques par chacun des musiciens. Un bon moment passé en leur compagnie, qui donne vigoureusement envie de creuser un peu ce dossier en se réfugiant dans leurs disques !

(Otis)

 Ultra Vomit – MainStage 2 – 12:50

30 000 personnes qui se réunissent devant une MainStage à 13h, vous y croyez-vous ? Pourtant Ultra Vomit l’a fait. Est-ce dû au souvenir de ces chansons fun et en dessous de la ceinture qui parodient les artistes que nous aimons tant il y a maintenant près de dix ans (hé ouais mon gars, Objectif : Thunes date de 2008 !) ? Ou bien est-ce dû au buzz généré par le nouvel album des Nantais ? Quoiqu’il en soit, de mémoire de festivalier on n’avait jamais vu ça.

Entre vannes foireuses sur le Download, traductions anglaises volontairement approximatives de Fetus, et wall of death (pardon… wall of chiasse !), Ultra Vomit entraîne tout le monde dans son univers délirant. Évidemment les gars mettent le paquet sur leur dernier bébé Panzer Surprise avec notamment « Évier Metal », « Calojira » ou l’inénarrable « Kammthaar » qui est une délicieuse parodie de Rammstein  (je dis ça au cas où certains d’entre vous auraient réussi à passer à côté).  Sans oublier les vieilleries tout aussi truculentes que sont « Quand J’étais Petit », « Boulangerie Pâtisserie » et le désormais culte « Je Collectionne Des Canards Vivants ».  Avec ce concert Ultra Vomit s’offre une place de choix dans le livre des records du Hellfest.

(Hyrkhnoss)

Igorrr – Temple – 13:35

Place à l’indiscutable OVNI de cette édition du Hellfest. Igorrr, c’est avant tout une tête pensante, celle de Gautier Serre. Multi-instrumentiste de génie, son œuvre consiste en un mélange foutraque de breakcore, metal extrême et musique baroque. Déjà invité dans quelques festivals d’obédience metal, c’est au lendemain de la sortie du parfait Savage Sinusoid que nous le retrouvons au Hellfest. Debout derrière ses machines, Gautier nous accueille tout d’abord avec la compagnie du batteur Sylvain Bouvier, que les fans de Trepalium connaissent bien. Ceci avant que ne déboulent les deux chanteurs que sont la cantatrice Laure Le Prunenec et Laurent Lunoir. Expérimentale et complexe, la musique d’Igorrr prend vraiment toute sa dimension lorsque jouée live. On se demande comment Gautier parvient à reproduire au sample près ce que l’on peut entendre sur disque. Mais il y arrive avec une facilité déconcertante. De plus, la batterie, en tant que tout nouvel élément live, se fond à merveille avec l’ensemble électronique. La machine est extrêmement bien huilée, sublimée par la voix de Laure et les cris de Laurent, en particulier sur « ieuD » et « Opus Brain ». Une prouesse. L’une des performances les plus marquantes du festival.

(Otis)

No Turning Back – Warzone – 13:35

No Turning Back fête ses vingt ans d’existence et on choisit de le faire en grande pompe avec un nouveau brûlot sous le bras, No Time To Waste. Le ton est donné, les Hollandais n’ont pas de temps à perdre. De la colère, beaucoup d’énergie et une sérieuse envie d’en découdre sont les ingrédients du cocktail imaginé par les coreux néerlandais. C’est évident qu’on ne sort pas des sentiers battus mais c’est ultra efficace et dynamique et ça ne prend pas longtemps avant que les mosheurs ne détruisent le pit.

(Hyrkhnoss)

Nails – Altar – 14:20

 Nails est un de ces groupes que j’attendais de pied ferme. D’autant plus que j’ai été très surpris de les voir programmés alors que les gars ont annoncé leur split juste après la sortie de leur dernier opus You Will Never Be One Of Us. Mais clairement, les Américains sont bel et bien vivants et toujours aussi enragés. Et c’est sous la Altar qu’ils vont pouvoir dégueuler toute leur haine à la face du monde. Todd Jones et sa bande se donnent à fond sur scène et le public ne tarde pas à réagir, devenant très vite aussi furieux que les musiciens. Nails balance un show d’une rare intensité où le chaos et la négativité règnent en maître. Les mecs envoient du lourd avec des morceaux aussi furieux que « Tyrant »  et « Violence Is Forever »  qui n’ont aucun but avéré si ce n’est nous péter la nuque. Mission accomplie ! Nails a délivré une performance sans compromis qui s’annonce comme l’une des plus farouches du fest.

(Hyrkhnoss)

Zeke – Warzone – 15:05

Zeke, c’est bête et vilain. Ça joue vite, ça joue fort. Mais que c’est bon. Du côté de la Warzone, la prestation des ‘Ricains fait office de gros défouloir. Pogos et slams se multiplient dans la poussière, qui n’a décidément pas pour projet de retomber de sitôt. On laisse son cerveau devant la statut de Lemmy et on passe un bon moment face au speed rock de Zeke, qui quitteront néanmoins les planches 10 minutes avant la fin du temps qui leur était imparti.

(Otis)

Ereb Altor – Temple – 15:05

Le Hellfest c’est aussi l’occasion de faire des découvertes. Ereb Altor est l’une d’entre elles et me voici sous la tente, attiré par le patronyme tolkienisant. Side project des membres du groupe de black metal Isole, le son d’Ereb Altor se nourrit d’abord de viking metal mais surtout d’une influence certaine, celle de Quorthon de Bathory. Loin de plagier l’illustre pionnier du style, Ereb Altor digère très bien cette influence et nous fait voyager sur les terres scandinaves quelques mille ans en arrière. À travers ce concert, les Suédois laissent une empreinte imperméable sur les terres clissonnaises.

(Hyrkhnoss)

Blood Ceremony – Valley – 16:00

Pause patchouli et fleurs dans les cheveux, avec Blood Ceremony. Les Canadiens nous accueillent sous une Valley un peu plus clairsemée que d’habitude, pour nous faire découvrir leur savant mélange de doom psyché et de classic rock. Malgré un son un peu brouillon, c’est très convaincant. La flûte traversière de la chanteuse Alia O’Brien fait figure d’atout peu commun, mais fonctionnel à merveille. Imaginez la rencontre entre Pentagram et Jethro Tull, et vous obtiendrez Blood Ceremony. On profite de l’ambiance ultra décontractée pour s’allonger tranquillement dans l’herbe aux extrémités du chapiteau, fermer les yeux, ouvrir ses oreilles, et apprécier ce moment de légère accalmie au milieu de ces trois jours tumultueux.

(Otis)

Chelsea Grin – Altar – 16:00

 Programmer du deathcore sur la scène Altar, voilà qui ne manque pas d’audace. Mais Chelsea Grin n’a pas à rougir (ou à souffrir) de passer entre du grindcore et du death old school, d’autant plus qu’ils ont un son super massif. En quarante minutes, Chelsea Grin a plié la question et s’impose comme l’un des ténors du genre. Avec des bombes atomiques comme « Recreant », « My Damnation » ou « Skin Deep » interprétées au cordeau par des techniciens hors pair, la tension ne redescend à aucun moment. Ce concert est mené de main de maître et est d’une précision chirurgicale à toute épreuve. Ça fait vraiment plaisir de voir que les Américains sont revenus aux affaires car ça fait bien longtemps qu’ils n’avaient pas été aussi bons en live.

(Hyrkhnoss)

Frank Carter & The Rattlesnakes – Warzone – 16:45

Il ne faut jamais se fier aux apparences. Sous sa chemise à rayures noires et dorées avec son pantalon cintré de dandy british, Frank Carter est une furie sur pattes. L’ancien chanteur de Gallows, aujourd’hui accompagné de ses Rattlesnakes, s’est montré digne de sa réputation, si ce n’est plus. La Warzone est généreusement garnie quand retentit le parpaing qu’est « Juggernaut », titre d’ouverture de Blossom, premier album des Anglais. Même pas le temps de se chauffer et le rouquin tatoué se frotte au public dès ce premier morceau, escalade la barrière de sécurité, puis se tient debout, porté par l’assistance qui lui mange dans la main. Et la tension ne redescend pas d’un iota sur toute la durée du set. L’accueil est unanime, malgré une setlist plus largement consacrée au deuxième album de la formation, Modern Ruin, aux accents plus rock que punk/hardcore.

Mais on ne boude pas notre plaisir d’entendre d’imparables tubes comme “Lullaby”, “Snake Eyes” ou “Vampires”. “Paradise”, issu de Blossom, se voit introduit tel un morceau prémonitoire par Frank, qui l’avait écrit bien avant les attentats de Paris en 2015. C’est la gorge serré qu’il le dédie aux victimes et aux rescapés du Bataclan, mais aussi du concert d’Ariana Grande à Manchester en mai dernier. Émotion, certes, mais il en faut plus pour entraver l’implication à 250% de Frank. Il va jusqu’à réclamer le plus gros circle pit possible, ordonnant le public de courir autour… de la régie ! “Jackals” et ses 50 secondes seront même joués 2 fois afin de satisfaire les attentes du frontman. Si l’on pensait être tranquilles jusqu’à la fin du concert, on se fourrait le doigt dans l’œil. Un classique dans la gamme des différentes activités physiques en concert, Frank nous appelle à nous accroupir sur le pont de “Devil Inside Of Me”… avant de nous relever à l’unisson pour pogoter quand part le dernier refrain. On souffre, mais on en redemande alors que la fin de la récré est sonnée par le traditionnel “I Hate You”. On en ressort complètement séché, avec une certitude qui semble faire consensus : Frank Carter & The Rattlesnakes ont retourné la Warzone.

(Otis)

Decapitated – Altar – 17:40

 À peine le temps de se remettre de la branlée précédente qu’on enchaîne direct avec une autre, et pas n’importe laquelle ! Les polonais de Decapitated continuent leur route année après année, album après album, sans jamais vraiment changer leur recette. Cet après-midi, une fois n’est pas coutume, ils font ce qu’ils font de mieux : tout raser sur leur passage et laisser la place à un champ de ruines. Un concert de Decapitated ça peut se résumer à une succession de bûches de gros calibre et de parpaings dans la gueule (« Spheres Of Madness », « Day 69 », « Homo Sum »). Dommage que le son ne soit pas à la hauteur de la technicité des morceaux et de l’exigence des musiciens.

(Hyrkhnoss)

 

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