Main Square Festival 2017

Main Square Festival 2017

La Citadelle d’Arras, 30 Juin 2017. Il fait très chaud en ce dernier jour de Juin sur la capitale du Pas-De-Calais et ça fourmille de partout alors que nous sommes à deux bonnes heures de l’ouverture de cette nouvelle édition du Main Square durant laquelle les scènes vont être foulées par Die Antwoord, Rag’n’Bone Man, Jain et Major Lazer le samedi et Mark Lanegan Band, Naive New Beaters, « l’avenir du Rock » La Femme (dixit Les Inrockuptibles qui ont perdu ce qu’il leur restait de semblant de crédibilité et d’amour propre en disant une pareille connerie) et Radiohead.

North Rain

Vainqueur du Tremplin Main Square, il faut avouer que la découverte sur Youtube de ce que les locaux de North Rain ont à proposer laisse présager quelque chose de bon,  alors qu’ils ont la charge d’ouvrir cette nouvelle édition du Festival et, par voie de conséquence, cette première journée. Et ça sent d’autant plus bon que dans les premiers rangs, il semble que le groupe une belle petite fan-base alors pourquoi pas ?
Mais rapidement, l’effet dû à la découverte s’estompe et même si la formation se montre plutôt à son avantage, son duo de chanteurs étant notamment plutôt à l’aise et mobile, le mélange des genres ne se montre pas forcément aussi percutant, en tout cas, sur cette grande scène dite la Greenroom. Le flow est intéressant, le duo est assez complémentaire mais, surement blasé par les années qui passent, le style se voit ainsi être prévisible, les enchainements et changements de rythmes n’affolant pas les oreilles outre mesure. Bref, les premiers rangs sont contents, les enceintes sont réglées, le temps se montre assez clément, faites péter les bières ultra-chères, le Main Square Festival 2k17 est lancé !

The Inspector Cluzo

S’il était un groupe attendu, j’aurais nommé celui-là. Car The Inspector Cluzo, ce duo de Mont De Marsan qui a su sortir des albums d’excellente facture et des clips sans complexe et parfois très drôle (notamment avec l’aide solide du club de rugby de l’AS Montois), a pris possession de la scène principale et lance les hostilités en restant fidèles à leur image.
Tels deux nouveaux élus de la République, les élégants Phil et Malcom ont sorti l’habit du dimanche et les sudistes n’y vont pas par quatre chemins : un doigt d’honneur et c’est parti ! En offrant des compos qui tapent gentiment mais surement, The Inspector Cluzo fait le boulot et le duo guitare / batterie se montre efficace. Les « Rockfarmers » en ont sous la semelle et ça marche bien même si ça n’a pas l’impact escompté. En effet, plus le set avance, plus ça semble s’éterniser. OK, le chanteur avait prévenu en disant que c’était du no limit sans setlist mais parfois, ça ressemblait plus à du gain de temps, des rallonges sur les titres histoire de meubler un max viennent pointer le bout du museau et avec ça, une certaine lassitude s’installe. Dommage, car connaissant The Inspector Cluzo, c’est assez surprenant d’en arriver à ce genre de sentiment.

The Noface

Formé par les désormais ex-Skip The Use et une candidature de The Voice, Oma Jali, le groupe The Noface n’a pas d’album sous le coude (bien que First Chapter sorte en septembre prochain) mais a su jouer sur le thème de la com’ : des centaines de masques sont visibles dans le public alors que le groupe n’a pas encore commencé son set.
Quatre musiciens sous un masque intégral noir à croix blanche et Oma Jali débarquent. Ils  ont une petite heure pour se montrer et ils vont le faire de fort belle manière. Même si nous n’avons profité que d’une petite demi-heure pour vraiment nous forger une opinion (la Main Stage enchainant à peine trente minutes plus tard). Le rock efficace associé à la voix envoûtante de la belle Oma laisse présager des lendemains qui chantent pour The Noface. « I’m Over You » est par exemple un très bon titre,  mais parfois l’impression qu’une bande son passe derrière le chant laisse perplexe… alors que le groupe prouve sur la Greenroom qu’il a un fort bel avenir. Une belle découverte donc,  qui appelle confirmation,  notamment  lors de leur venue à Lille en octobre prochain.

Frank Carter & The Rattlesnakes

Sieur Carter est dans la place et il est clairement évident que le groupe anglais est attendu. Ça s’est massé devant la scène principale et autant le dire tout de suite, personne ne va être déçu par Frank Carter & The Rattlesnakes. En seulement deux petits albums, Frank Carter et son acolyte Dean Richardson ont vu leur réputation s’envoler notamment avec des prestas live énergiques. Et de l’énergie, ces gars-là n’en manquent pas c’est certain !
A peine entré sur scène, le quatuor affiche la couleur et le leader aux cheveux roses y va de sa gueulante -certes bien moins agressive qu’à l’époque de l’excellent groupe Gallows– mais Frank Carter possède ce truc, cette gueule et ces attitudes qui envoient du bois. Musicalement, c’est efficace, la basse est peut-être trop ronflante parfois, mais globalement c’est assez homogène et le chant ne pêche pas par manque d’envie. Ouvrir sur « Juggernauts » est osé, avec son refrain quasi hurlé -plus en raccord avec ses expériences musicales passées- mais l’enchaîner avec « Lullaby », beaucoup plus calme -une dédicace à sa fille- est un contre-pied parfait sans perdre en efficacité.

Richardson se montre de son côté plus que son compère à la quatre cordes,  mais c’est bien le père Carter qui gère le plus et capte le plus d’attention. Alors, dès « Juggernauts » puis « Lullaby », il ira se faire porter par le public, plus tard on reste avec un sourire bête voyant la foule ne pas répondre aux demandes multiples de circle pit  (« c’est quoi ça ? » pouvait-on entendre parmi les festivaliers, c’est pour dire à quel point ce n’était pas gagné !).  On l’écoute raconter sa vie entre les titres, bref, on ne  voit pas le temps passer devant un set d’excellent niveau, personnellement Frank Carter & The Rattlesnakes est le set du jour, durant lequel les titres « Lullaby », « Modern Ruin » ou « Vampires » par exemple ont su tous faire mouche.

Don Broco

Don Broco a réussi à me faire péter les oreilles ! Une horde de fans, des groupies et des hurlements qui en découlent, les Britanniques de Don Broco ont pris possession de la Greenroom. Et hormis le fait de donner l’impression de ressembler à un groupe tel que The All-American Rejects avec un backdrop dessiné par le gars qui a fait le visuel du générique de « Sauvé Par Le Gong » (les fans de Don Broco ne connaissent surement pas cette référence), rien n’a paru sortir du lot ni justifier un tel élan de popularité. Pas de fun, pas de compos qui sortent qui tirent leur épingle du jeu,  ni même un semblant d’intérêt quelconque. Don Broco joue, son leader chante en sortant les muscles et le sourire bright et ça n’en mène pas large. On passe !

Biffy Clyro

Biffy Clyro m’avait mis une belle claque l’an dernier lors du Download Festival de Paris. Mais là, il faut reconnaitre que si la prestation des Ecossais n’a pas laissé indifférent, les choix dans la setlist sont plus discutables… Difficile de dire si ce set fut bon ou mauvais mais en tout cas, il n’a pas été aussi fédérateur que d’accoutumée. L’explication n’est pas évidente : le son ? Le choix des titres ? L’ambiance morne dans le public ? Toujours est-il que le groupe emmené par son duo démarre un peu en sous-régime bien que les titres soient tous bien reçus, parfois avec même un poil de timidité.
« Nous sommes Biffy fucking Clyro et nous venons d’Ecosse ». Simon Neil et James Johnston occupent le devant de la scène alors que  le second frangin Johnston  ansi que  les deux ex-Oceansize (Vennart et Richard Ingram) sont en retrait.  Ce qui n’empêchera en rien ces derniers dde participer activement à la mise sur  orbite de Biffy Clyro. Vingt ans que les Ecossais créent leur univers, explorent leur musique et envoient des sets qui se suivent tout en montant crescendo.  Mais parfois, caler des chansons plus calmes en plein cœur d’un concert qui monte en puissance fait retomber le soufflé. Passé ces quelques minutes un peu longues, le show repart de plus belle et regagne en intensité ! Là, on retrouve le Biffy Clyro percutant, aux compos riches et aux émotions variées. Et jusqu’à la dernière note, ce groupe de rock sait tenir tout le monde en haleine. Un set qui, s’il a démarré mollement, laisse un goût d’inachevé au regard de ce que le groupe a envoyé durant sa seconde moitié.

System Of A Down

La Main Stage entre en ébullition et la fosse est pleine. Pas de doute, la tête d’affiche est sur le point d’attaquer. Alors, résumons : lumières qui s’allument… cris d’hystérie dans tous les sens… poumtchackpoumpoumtchak…. gnaaahhhaAAAAAAAA… ouailledéolouaize scène de porc…. ouékeup… tébol… lonelidéééééé… chougar…. lumières qui s’éteignent. Merci bonsoir.
Plus sérieusement, ce concert de System Of A Down n’est pas une surprise étant donné qu’il est la quasi copie conforme de celui effectué lors de leur venue au Download France en juin dernier. Mêmes jeu de lumières, quasiment la même setlist et donc même trio de titres décevant pour entamer le set (et par le choix et par l’interprétation) puis un set monolithique, sans coupure ni communication voire sans mouvement puisque c’est un peu ce qui pêche le plus dans le SOAD version 2k17… Les gens sont massés devant la scène, et pour autant ça remue de partout. A l’inverse, sur la large scène, ça reste franchement statique et sans aucune communication…

Bon, autrement, on a eu droit à presque trente titres, et là où aucun doute n’est possible, c’est sur le jeu de l’excellent John Dolmayan derrière les fûts : sobre, précis, bref, impeccable. S’attarder sur la voix de Daron Malakian, l’interprétation parfois un peu limite de Serj Tankian où les problèmes de sons pas toujours du meilleur effet serait assez facile. Mais en gros, que retenir de la venue de System Of A Down en notre contrée arrageoise ?
Le public a su répondre présent et rendre bien plus au groupe que ce que ce dernier a offert. Alors, certes, les titres, les tubes ont plu sur la Citadelle d’Arras, navigant dans l’intégralité de la discographie du quatuor et ça a ravi tout le monde ou presque. Fallait surtout discerner les fans de SOAD, ceux de Le Tongue -le Péruvien qui fait des reprises- ou encore ceux qui chantaient à tue-tête façon Bev & Bob (youtube powaaaa),   voire façon death metal – très surprenant- dès le début. Du coup, mission accomplie, faut bien le reconnaitre.

La nuit est tombée et la session électro commence alors que la foule se décide à partir, rester pour boire une bière ou profiter encore des trois concerts qu’il reste -de l’électro, du coup, on quittera tranquillement le site. C’est aussi l’heure de faire le bilan de cette première journée (la seule me concernant) et se dire que le Main Square Festival a fait le plein et a vu beaucoup de monde se donner sur scène comme dans le public bien que des points négatifs sont tout de même à noter comme le chevauchement de concerts (choisir entre The Noface et Frank Carter & The Rattlesnakes…), le tarif bien trop abusif des consos (la 25cL de bière à 4€, sérieusement…), le son qui n’a pas été du meilleur niveau d’un point de vue général et le détour à faire pour aller et venir entre la Greenroom et la Main Stage. Le site est sympa malgré tout, bien qu’il n’ait absolument pas le charme qu’avait en son temps la Grand Place d’Arras. L’organisation générale était digne d’une machine telle que Live Nation sait le faire, et  l’affiche, bien que manquant un peu de  metal à proprement parlé, a su être fédératrice.

Merci à Myriam et Live Nation France pour nous avoir accrédités et pour la confiance accordée ainsi qu’aux équipes du Festival présentes !

Rédacteurs : Slaytanic et Sissie
Photographe : Slaytanic Pix

A propos Mlle S

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