Sørgekåpe
– Label : Spindelsinn Recordings –
Date de sortie : 8 Mai 2020
A l’aube de la sortie de son huitième opus, est-il encore nécessaire de présenter cette artiste unique qu’est Kari Rueslåtten ? En quelques mots, elle aura été LA voix du groupe de doom prog Norvégien The Third And The Mortal, un EP fantastique, Sorrow (sorti en 1993) et un album tout aussi fabuleux Tears Laid In Earth (sorti en 1994).
En 1995, elle quitte le groupe pour se consacrer à sa carrière en solo. Avant de réaliser son premier album Demo Recordings, Kari a collaboré avec Satyr et Fenriz dans Storm avec le cultissime Nordavind.
Trois longues années nous séparent de sa dernière offrande, le très intimiste « Silence Is The Only Sound », album évoluant dans une tonalité folk, légèrement moins pop que ses prédécesseurs. Après la sortie de deux singles, « Sørgekåpe » paru le 28 Février et « Blind » le 24 Avril, la réalisation d’un clip tourné par Troll Toftenes dans les montagnes Norvégiennes de Dovrefjell au milieu de l’hiver, Kari s’apprête donc à nous dévoiler son nouvel album Sørgekåpe en ce début du mois de Mai.
Album qui sort dans un contexte mondial particulier, Kari a donc décidé d’offrir à son public un concert live en streaming le 27 Mars dernier, dans le cadre des Moskus Stream Sessions. Accompagnée par Jo Ranheim à la guitare et Frode Flemsæter aux claviers. Etant une artiste assez rare sur les planches, ce concert a été suivi par beaucoup de personnes disséminées aux quatre coins du monde.
Neuf chansons qui marquent son retour dans sa langue maternelle. Elle n’avait plus composé un album entièrement en Norvégien depuis Spindelsinn, sorti en 1997.
Est-ce que le fait d’avoir fait une reprise en anglais sur son avant dernier album de sa chanson « Spindelsinn », interprétée initialement en Norvégien et devenu « Spellbound » dans sa nouvelle mouture, aurait pu jouer sur son choix d’opter pour un retour dans sa langue natale et oublier celle de Shakespeare ?
Nouvel opus, au nom assez mystérieux. C’est le nom Norvégien du Nymphalis Antiopa (ou plus communément appelé Morio ou Manteau Royal), un papillon que l’on peut apercevoir le plus souvent dès la fin de l’hiver.
Ici, il va servir de métaphore aux sentiments exprimés par Kari dans ses nouvelles compositions toujours aussi personnelles, toujours aussi sombres et lumineuses par ses sonorités pop folk Celtiques, fleurtant parfois avec la country folk made in US, teintées de mélancolie et son timbre de voix unique et si particulier !
Cette artiste si talentueuse va évoluer dans un univers de fragilité, de sensibilité, de rêverie et d’émotions tout au long de cet opus ! Kari nous offre ici un album qui est de loin l’un des plus personnels, un album qui est la réunion parfaite de toutes ses influences, de tous ses albums. Qu’ils soient foncièrement inspirés de ses racines musicales, de mélodies folkloriques ancestrales made in Norge, ou qu’ils soient issus d’un univers plus pop, avec un leitmotiv plus dynamique, ces hymnes sont tout aussi mélancoliques et poétiques, empreints de douceur où la joie et la tristesse s’alternent à merveille.
Kari a déclaré à propos de son nouvel album : “Je suis vraiment impatiente à l’idée d’inviter à nouveau les gens dans mon paysage natal, de sonorités et de langage”. C’est la quatrième collaboration avec son producteur de prédilection, Jostein Ansnes. Ils ont travaillé ensemble sur ses trois derniers albums et l’on ressent cette complicité de longue date sur cet opus.
Chansons après chansons, Kari nous décrit la beauté qui se terre dans la pénombre, elle nous décrit ces heures de solitude nocturne, ce moment précis où les pensées laissent place à la réalité. Cette réalité matinale, celle où la lumière du matin se fraye un chemin dans l’obscurité.
« Sørgekåpe », le premier titre (et premier single), en est l’expression parfaite. Une mélodie douce-amère qui agit comme une invitation à méditer et contempler la beauté de la nature. « Sverer », le second morceau est plus entrainant, plus joyeux. Des accords de guitares très country, à coup de slide, en totale harmonie avec l’univers de Kari, faisant écho à « Mesmerized », notamment le titre « A Different Angle ».
Les titres suivants, « Maanen Lyser Ned » et « Naar Mørket Faller » vont se révéler de nouveau être beaucoup plus intimes, une introspection tout en douceur sur fond de guitares plus légères, plus délicates dans cet univers acoustique, où l’instrument le plus élégant et épuré – la voix de Kari – nous prend aux tripes, tout particulièrement sur « Naar Mørket Faller ».
Suivi par « Blind » (le deuxième single), un morceau très mélancolique où le piano vient souligner ce sentiment de tristesse, où la guitare s’oppose à cette noirceur pour y apporter une certaine gaieté. Sa voix sur « Blind » est juste incroyable, les émotions qu’elle partage sur ce titre nous donnent des frissons. Surgit le dynamique et joyeux « Alt Brenner Naa », des mélodies pleines d’enthousiasme, qui nous transportent directement dans l’univers folk de Kari.
« Savn » nous replonge dans les méandres des titres précédents, ce titre nous renvoie vers des tonalités évoquées dans « Time To Tell » ou « Silence Is The Only Sound ».
L’avant dernier titre de cet opus, « Øye for øye », est une petite perle de pop folk country. Ce morceau pourrait figurer dans la B.O. d’un film de Tarantino, un générique de fin !
« Storefjell », qui vient clore l’album est une chanson exceptionnelle. Elle s’inscrit divinement bien dans la mythologie du folkllore celtique et celle plus organique des chants elfiques, avec un finish tout en douceur grâce aux volutes jazzi.
Comme vous l’aurez compris, ce nouvel album de Kari Rueslåtten est un chef d’œuvre !!
Impossible de rester insensible à tant de beauté. Impossible de ne pas être touché par cet univers si particulier créé par Kari. Ce retour aux racines, cet amour de la Nature, cette passion, cette lumière intérieure et ces mélodies de nordic folk ne pourront que vous plaire !
Si vous voulez vivre une expérience intime unique et pleine de grâce, même si vous ne connaissez pas les précédents albums : cet opus est pour vous car il réunit l’essence musicale si particulière de cette artiste… tout en gardant une part de mystère !
