Hangman’s Chair – Banlieue Triste

Chro By Slaytanic

18/20

Le 09/03/2018 – Label : Musicfearsatan

Membres :

  • Cedric Toufouti – Chant
  • Julien Chanut – Guitare
  • Clément Hanvic – Basse
  • Mehdi Birouk Thépegnier – Batterie

Titres :

  1. Banlieue Triste
  2. Naïve
  3. Sleep Juice
  4. Touch The Razor
  5. Tara
  6. 04/09/16
  7. Tired Eyes
  8. Negative Male Child
  9. Sidi Bel Abbes
  10. Full Ashtray

Hangman’s Chair nous avait laissé au milieu de la route, tels des lapins qui attendent l’inéluctable, hypnotisés par les phares d’un camion lancé à pleine vitesse. Ce camion s’appelait « This Is Not Supposed To Be Positive » et la douleur fut profonde. Trois ans plus tard, le quatuor parisien nous renvoie dans les bas-fonds avec Banlieue Triste, sorti via Musicfearsatan depuis début mars.

Et le constat est sans appel : Hangman’s Chair monte encore d’une division et frôle la perfection avec un album aussi beau que complet. Le chant de Cedric Toufouti laisse pantois tant il arrive à nous transporter dans des montagnes russes émotionnelles : tantôt aériennes, tantôt d’une tristesse irrépressible, le chant est la qualité première de ce nouvel opus (« Sleep Juice », la magistrale « Touch The Razor », la parfaite « 04-09-16 ») et ça emmène parfois vers des horizons étonnants à la manière de certains titres aériens de Mastodon par exemple (cette comparaison n’engage que moi). Mais dissocier chaque partie de l’entité Hangman’s Chair serait une sévère erreur.

Musicalement, on touche du doigt le sublime (on le touche à pleines mains sur « 04-09-16 »). Une richesse émotionnelle rare, une vraie maitrise des changements de tons et de rythmes, le tout pour amener le frisson (« Negative Male Child »), la gorge qui se noue (« Touch The Razor ») ou le dodelinement d’une tête dont les yeux se ferment à mesure que les secondes défilent (« 04-09-16 »). Certains passages peuvent se montrer longuets (les deux instrus – « Tara » et « Sidi Bel Abbes » – ne sont pas exemptes de tout reproche à ce niveau-là) mais on peut aussi y retrouver des moments salvateurs, de ceux qui permettent de reprendre notre respiration avant de replonger dans une mélancolie qui hypnotiserait un hyperactif.

La production est juste, équilibrée et parfaitement en accord avec l’univers si particulier et ô combien difficile à capter dans son intensité qu’est celui d’Hangman’s Chair. Francis Caste pour le Studio Sainte Marthe, une destination de choix pour obtenir ce son, a su magnifier cet album sombre au point de le rendre brillant.

« Banlieue Triste » où le titre symbolise et résume tout,  où un artwork prête à toutes les interprétations possibles, où chaque sensation en amène une autre jusqu’au texte final de Georges Bataille (Acéphale – 1936) qui, quand il est lu et entendu plusieurs fois laisse une question sans réponse. Il est dit dans ce texte « Celui qui tient à ignorer ou à méconnaitre l’extase, est un être incomplet dont la pensée est réduite à l’analyse ». Mais quand nous sommes poussés à l’analyse, sans qu’il ne soit possible d’en réchapper, restons-nous incomplets ? Etre perdu, miné par l’interrogation, un sentiment qui ressortait déjà du précédent opus (comme dit en introduction), une signature pour Hangman’s Chair qui une nouvelle fois réussit avec brio un album splendide.

 

A propos Mlle S

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