Hellfest J3 – Part 2

Dimanche 18 juin

This is the end my friend…

Et ce à bien des égards… En tant que Roar Reneagade c’était notre première année, on a couru, on s’est battu, on a travaillé dur. On a essayé d’être partout même si c’est impossible et de vous proposer pas mal de matière.

Mais… On a mis plus de temps qu’à l’accoutumée pour rendre nos devoirs car nous n’avons pas encore totalement pris nos marques même si nous avons mis du cœur à l’ouvrage. Et entre temps, la nouvelle choc du décès de Chester Bennington

Une année  pleine d’émotions et de surprises donc, on espère être encore là l’année prochaine, toujours au taquet et un peu plus rodés. Toutes les interviews arrivent, on n’oublie personnes, mais on fait tout avec nos petites mains et c’est très long !

Un grand merci à Roger ainsi qu’à toute sa team, sans eux le plaisir ne serait pas le même. Merci également aux bénévoles, aux Challengers et à tous ceux qui nous accueillent et prennent soins de nous pendant ces quatre jours d’enfer idyllique.

Nostromo – The Altar – 19:40

Si on nous avait dit, il y a un ans, que les Suisses de Nostromo seraient de retour aux affaires, et qu’ils se présenteraient face à nous sur cette Altar, l’aurions-nous cru ? C’est pourtant bien l’événement auquel nous nous apprêtons à assister ce dimanche. Reformés à la surprise générale depuis quelques mois, les Genevois sont évidemment attendus au tournant. Il semble même que le groupe n’ait à rougir des excellents échos de ses premières prestations de come back, notamment pour la tournée en première partie de Gojira ainsi que son apparition au Download la semaine passée. Le chapiteau est ainsi complètement blindé, et les Suisses font leur entrée sous les vivats et les acclamations. Nostromo enchaîne ses plus gros classique. “Selfish Blues”, “Still Born Prophet”, et surtout “Rude Awakening” récoltent tous les suffrages.

Ces monolithes à la croisée du grind, du hardcore et du death n’ont pas pris une seule ride, cela va sans dire. Sourire jusqu’aux oreilles, Jaja n’en oublie pas pour autant d’éructer toute sa rage dans son micro. Honoré, en toute humilité, le frontman nous fait part de l’anecdote qui a rendu cette reformation possible. Une photo, prise lors du mariage d’un des membres du groupe, ayant eu l’effet d’une bombe et amenant l’équipe du Hellfest à proposer en premier au groupe culte de remonter sur les planches. Et Nostromo de bien le rendre au festival, en nous gratifiant d’un tout nouveau morceau, ainsi que d’une charmante reprise du “Corrosion” de Nasum. Un impressionnant wall of death vient parachever une prestation que l’on retient comme l’une des plus violentes de tout le week-end. Personne, oh non, personne n’était prêt pour ça. On s’est fait mal, et ce n’est pas “Hurt” version Johnny Cash en guise d’outro, qui nous contredira.

(Otis)

 Scour – The Temple – 20:45

Il aime le vin blanc, il dit et fait des conneries quand il en a trop bu, mais on est content de le retrouver, notre Phil Anselmo. Le fan n°1 du Hellfest est de retour, après s’être refait une santé, et fait tout spécialement le déplacement pour nous présenter son nouveau projet, Scour. L’habitué de la Main Stage et de la Valley (suite à ses diverses apparitions en compagnie de Down, Superjoint Ritual et Philip H Anselmo & The Illegals) se présente cette fois-ci sous la Temple, puisque son groupe évolue dans un black metal pur et dur. Notre Phil est plutôt bien entouré, avec pour nouveaux camarades de jeu des membres de Cattle Decapitation, Decrepit Birth, Pig Distroyer ou encore Misery Index.

Qu’en résulte-t-il au vu de cette prestation ? De bonnes idées, certes. Mais le black metal de Scour se montre trop bancal et hésitant entre inspirations old school et sonorités plus modernes. La setlist se compose de l’intégralité du seul EP de la formation, ainsi que quelques morceaux inédits, dont “Piles” et “Bleak”. Si l’on est content de voir que Phil est bien plus en forme qu’il ne le laissait paraître il y a quelques mois, on regrette de le sentir un tantinet à la peine, vocalement. Petit pincement au cœur de constater que le retour évènement du gaillard ne déplace pas plus la foule que ça… La faute à une rude concurrence face à Prophets Of Rage ? Peut-être. On ressort du temple avec un arrière-goût amer, malgré une surprenante reprise de “Strength Beyond Strength” de Pantera. Une preuve, s’il était nécessaire d’en donner une, que Phil est toujours reconnaissant envers ses fans, qui ne crache jamais sur un de ces faits d’armes passés.

(Otis)

Clutch – The Valley – 21:50

Ce dimanche 18 juin n’est pas la fête des darons pour des prunes. Clutch est à Clisson, et compte bien offrir un moment qui restera dans les annales pour les  festivaliers venus en grand nombre sous la Valley. Une scène que les natifs du Maryland avaient déjà retournée en 2014, provoquant la quasi impossibilité de rentrer dans le chapiteau. Il manquait furieusement d’une bonne dose de groove et de fiesta un peu funky au cours des derniers jours. Le stoner unique en son genre des Américains y remédie à merveille. “Burning Beard” ouvre la marche, enchaîné avec un “Firebird” qui réveille les pogoteurs de tous poils. Il fait chaud, on retrouve son équipe de copains pour remuer sa tête et son popotin, en reprenant en chœur les refrains les plus accrocheurs de la formation. Si le dernier album en date, Psychic Warfare est plus majoritairement représenté, des titres plus anciens comme “The Mob Goes Wild”, “Escape From The Prison Planet” ou “The Regulator” ne manquent pas à l’appel (du 18 juin… Pardon.).

Neil Fallon, entre crooner du désert et bûcheron qui a perdu ses chaussures, se hisse un peu plus dans le classement des plus grands frontmen que le rock connaisse. Il faut également souligner l’énorme performance de Jean-Paul Gaster. Le batteur fait montre de breaks et fills tous d’une finesse remarquable. Petit bonheur, la découverte de “How To Shake Hands”, nouveau morceau issu d’un nouvel album apparemment attendu avant la fin de l’année. Cette heure de défouloir passe à une vitesse folle, et le final sur  “Electric Worry” suivi de près par “X-Ray Vision” met tout le monde d’accord. Ce soir, Clutch s’est définitivement imposé. Et dire que ça fait 25 ans que ça dure.

(Otis)

Five Finger Death Punch – MainStage 2 – 21:55

Après une prestation au Download Festival bancale et une semaine riche en rebondissements qui s’est vue entachée par le départ de l’incontrôlable Ivan Moody, Five Finger Death Punch va-t-il retrouver sa hargne et sa vivacité habituelle pour envoyer un set aussi bien qu’en 2015 ?

Dès le premier morceau « Lift Me Up  » l’illusion est convaincante. Il faut dire que Tommy Vext, le remplaçant de Moody, a déjà une sacrée expérience à son actif en étant passé dans divers projets tels que Snot et Divine Heresy. Et puis le gaillard a sensiblement le même timbre de voix quand il chante. Ajoutons à cela qu’il traîne avec le groupe depuis pas mal de temps, ce qui rend d’emblée la cohésion entre membres plus palpable, et ça fait de Vext le candidat idéal.

On retient une prestation bardée de points forts et chargée en émotion, à commencer par l’hommage rendu à Chris Cornell par Tommy Vext qui s’est fendu du début de « Black Hole Sun »  a capella. Ou quand celui-ci salue le public français pour avoir fait slammer les personnes en fauteuil roulant qui est, comme il l’indique, the biggest metal shit I’ve ever seen.

5FDP enchaîne les tubes qui parsèment sa discographie (« Under And Over It », « Burn MF ») mais offre aussi son lot de frissons avec le sublime mais triste « Coming Down » ou l’acoustique « The Wrong Side Of Heaven ». Tout n’est pas encore bien calé dans leur show (ce n’était que le deuxième ou troisième concert de Tommy) mais l’envie de bien faire et surtout de redorer le blason du groupe est bien là. Et au final c’était très bien, vraiment très bien.

(Hyrkhnoss)

Emperor – The Temple – 22:55

L’histoire semble ainsi se répéter. En 2014, Emperor sortait de 7 ans de sommeil pour interpréter, devant une Main Stage 2 captivée, l’intégralité de son premier album In The Nightside Eclipse. Sans trop s’épancher sur ce sujet, nombre de puristes avaient regretté que ce moment particulier ait lieu ailleurs que sur la Temple. L’affront est réparé 3 ans plus tard, puisque nous retrouvons la légende du black metal norvégien sous une Temple évidemment bondée. Nous avons cette année encore affaire à un revival, célébrant les 20 ans d’Anthems To The Welking At Dusk, deuxième album culte du groupe. “Alvastr (The Oath)” loooooongue intro sur bande, retentit afin de permettre aux musiciens d’entrer en scène, acclamés tels des dieux nordiques. “Ye Entranceperium” fait immédiatement mouche.

Les effets pyrotechniques déployés dès cette ouverture impressionnent et son particulièrement à propos ! Emperor en use et abuse à mesure qu’il interprète dans l’ordre les titres du disque susnommé, avec une justesse rare. Son leader, Ihsahn, est tout bonnement magistral aussi bien à la voix qu’à la guitare. Rien à redire non plus concernant Trym derrière les fûts, véritable monstre de technique. Sorti de sa retraite musicale (suite à la mise en sommeil de Zyklon), celui qui exerce le métier de tatoueur est bien loin d’être rouillé. Les ambiances symphoniques, assurées par Einar Solberg (claviériste de Leprous), sont particulièrement prenantes. En guise d’achèvement, “The Wanderer” laisse place à trois classiques : “Curse You All Men”, “I Am The Black Wizards” et “Inno A Satana”. De quoi refermer brillamment ce chapitre, et rappeler au monde entier qu’Emperor est le plus grand groupe de black metal de l’Histoire, à l’unanimité.

(Otis)

Linkin Park – MainStage 1 – 23:00

Nous sommes le jeudi 20 juillet et il est 21h à l’heure où j’écris ces lignes, celles qui ponctuent la rédaction de mon report du Hellfest. Comme vous le savez sûrement déjà tous, Chester Bennington s’est donné la mort à l’âge de 41 ans, conséquence inévitable après une vie passée à lutter contre ses démons (alcool, drogues et dépression). Très clairement, cette annonce m’a dévastée. J’ai tant espéré que ce ne soit qu’une fausse rumeur (après tout il en faisait l’objet depuis 2014). En vain. Le tweet de Mike Shinoda a sonné le glas de mes maigres espoirs.

Si ce décès a autant d’impact, c’est parce que Chester est, pour des millions de personnes, le symbole d’une génération qui a été initiée au metal par Linkin Park. Ils ont ouvert la boîte de Pandore au plus grand nombre et  de ce fait on leur doit beaucoup.

Par conséquent ce report sera relativement court pour certaines raisons. Tout d’abord parce que de fausses rumeurs avaient circulé sur une adaptation de la setlist recentrée sur les trois premiers opus qui se sont avérées infondées. En effet, la setlist est quasi similaire à celle jouée au Download la semaine précédente et fait la part belle au dernier album en date One More Light. Par voie de fait, la performance s’en retrouve également excellente avec des chanteurs en super forme et des musiciens peu mis en avant et surtout peu sollicités – vu la tournure musicale du groupe californien- sauf quand surviennent les morceaux issus de  Meteora où tout le monde est au diapason.

Et ensuite parce que cette annonce me dévaste et  fait remonter en moi cette colère envers tous ces blaireaux…  Ces abrutis intolérants qui préfèrent perdre leur temps devant Linkin Park pour les huer et leur jeter des gobelets sur scène plutôt que d’aller profiter d’un concert qui serait davantage à leur goût.

Je conclurai  en remerciant les gens qui sont venus les voir et les  ont apprécié, en remerciant également le Hellfest de les avoir programmés en sachant pertinemment le déferlement de haine que Ben Barbaud et son équipe allaient devoir affronter. Et puis je remercie Linkin Park d’être ce groupe à la fois adulé et décrié mais qui a toujours avancé selon ses propres convictions. RIP Chester Bennington.

(Hyrkhnoss)

 Hawkwind – The Valley – 00:00

Beau hasard en cette 12ème édition du Hellfest de retrouver pas moins de trois groupes ayant un lien avec la carrière de notre Lemmy Kilmister. Vendredi, nous retrouvions The Damned sur la Warzone. Samedi, Phil Campbell se produisait avec ses fils, les Bastards Sons sur la Main Stage. Tandis qu’en ce dimanche soir, et pour boucler la boucle, nous avons rendez-vous avec Hawkwind. 48 ans de carrière, et ça ne semble pas parti pour s’arrêter, puisque le groupe a publié au mois de mai son 30ème (!) album, Into The Woods. Et ce soir, c’est à un épique voyage à travers l’espace que nous participons, enclenché dès l’ouverture sur l’enchaînement “Earth Calling/Born To Go”.

Autant dire que les Anglais ne sont pas pionniers du space rock pour rien. Les images projetées en arrière plan, psychédéliques à souhait, rappellent l’âge d’or de la formation et nous plongent dans un univers parallèle fait d’éléphants roses et d’Abraham Lincoln danseur étoile. Dave Brock, 75 ans, seul rescapé de la formation d’origine, se montre très discret sous son chapeau, sur le côté de la scène (novice que nous sommes, nous avons bien mis 5 minutes à nous rendre compte qu’il s’agissait de lui !), mais n’a absolument rien perdu de sa verve guitaristique ! Cependant, celui qui s’impose comme le véritable frontman et chanteur principal n’est autre que Mr Gibs, multi-instrumentiste relégué aux différentes bidouilleries et effets sonores. Dans son ensemble, la prestation relève d’un grand moment, avec des vrais bouts de culte dedans, qui force le respect. Néanmoins, l’affluence accuse le coup de l’heure tardive et des décibels englouties durant le week-end. Comme on dit, les absents ont toujours tort !

 (Otis)

The Dillinger Escape Plan – The Warzone – 01:05

Le baroud d’honneur, le chant du cygne, le dernier tour de piste. Les princes du mathcore, The Dillinger Escape Plan, ont annoncé leur intention d’arrêter les frais à l’issu de la tournée qui suit la sortie de leur dernier album, le bien nommé Dissociation. Ainsi nous rendons nous à la Warzone avec la ferme intention de profiter de chaque centième de seconde de cette performance. D’autant plus qu’il s’agit du dernier concert sous l’oeil des miradors de la zone de guerre, ainsi que l’un des trois derniers concerts de cette cuvée, pendant que Slayer fait du Slayer sur la Main Stage 2, et que Perturbator transforme la Temple en night club retro-futuriste.

Alors qu’on commençait à sérieusement piquer du nez, le pot cactus nain “Prancer” qui nous est envoyé en plein face nous réveille. Dillinger nous tient en haleine sans faiblir, sa setlist nous régale : “When I Lost My Bet”,  “Panasonic Youth”, “Milk Lizard”, “Farewell Mona Lisa”, ou encore l’imparable “One Of Us Is The Killer” et son refrain repris comme un seul homme. Greg Puciato, fidèle à sa réputation, est tout simplement in-con-trô-lable, va et vient d’une extrémité de la scène à l’autre, part à la rencontre de l’assistance, escalade les amplis. Son guitariste Ben Weinman n’est pas non plus avare en cascades en tous genres. On tire notre chapeau au batteur Billy Rymer et son jeu absolument impeccable, déployant des merveilles de polyrythmie. Une finesse paradoxalement brute, en tout cas prodigieuse. Le public se déchaîne et maintient une dernière fois la poussière dans les airs, de bout en bout. Dillinger nous quitte sur un 43% Burnt de solide facture, conclu par une explosion en règle du kit de batterie, auquel chaque membre met du sien. L’un des concerts d’anthologie de cette édition, l’une des plus physiques aussi, à l’image des trois jours que nous venons de passer en Enfer. Allez, rentrez chez vous maintenant.

(Otis)

 

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