Label : Dooweet Agency
Date de sortie : 27/04/2018
Chro by Slaytanic -Note : 18/20
Membres :
- Laure Flores – Chants
- Julien Lamarre – Guitares, Chant
- Nass Mohamed – Guitares, Chant
- Guillaume Deveney – Basse
- Andréa Nuzzo – Batterie
Titres :
- Ouverture
- Reversed Algo’Rythm
- Begging For Emotions
- One In Thousands
- ERROR #9829
- Missing Archives
- Stems From The Inner World Of Us
- Galatea I : The Vision
- Galatea II : The Design, The Research, The Result
Main: Art n’est pas ce que l’on pourrait appeler un tout jeune groupe (2012) et n’est pas formé de débutants en désir de fonder un groupe pour jouer dans le garage de tata Suzanne. On y retrouve notamment deux anciens membres de Wedingoth à leur tête à savoir Laure Flores et Julien Lamarre. Il aura fallu tout de même attendre 2018 pour que ce premier jet intitulé « Synaesthetic » sorte et ce dernier se veut ambitieux et riche, en tout cas, fourni et avec une bonne heure de sons, Main: Art n’a pas l’air de vouloir faire semblant.
Après un titre d’ouverture, originalement intitulé « Ouverture », on rentre dans le dur de cet album avec « Reversed Algo’Rythm » et le constat est assez limpide : il y a du talent à n’en pas douter et ça sait surtout bien le gérer pour le mettre à profit là où certains iraient dans l’exagération totale. « Synaesthetic » se veut être un savant mélange entre création et gestion des influences. Et à ce niveau-là, il y en a toute une batterie qui ressort aisément sans que cela ne soit savamment dosé.
En effet, si on peut retrouver des essences de Dream Theater (« Begging For Emotions », « One In Thousands »), Devin Townsend Project (« One In Thousands », « Stems From The Inner World Of Us »), Amaran (« Reversed Algo’Rythm »), Animal As Leader (« ERROR #9829 », « Galatea II : The Design, The Research, The Result ») et Exivious (« One In Thousands »), un chant qui peut rappeler parfois Anneke Van Giersbergen, des solis à la Joe Satriani (« Reversed Algo’Rythm ») ou encore des compos complexes mais diablement bonnes à la Steven Wilson (« One In Thousands », « Galatea II : The Design, The Research, The Result »), on a tout de même à faire face à une vraie force créatrice.
L’univers du metal progressif se montre parfois réduit à une démonstration de technique, outrancière pour certains, imbitables pour d’autres, et ça en met pas mal sur le carreau pour un moment. Avec Main: Art et ce « Synaesthetic », tout semble plus simple, plus logique et surtout bien plus digeste. Est-ce la justesse de la voix riche et délicate de Laure Flores qui fait mouche (« One In Thousands », « Missing Archives ») ? Sont-ce les compos magistralement exécutées par le groupe ? Sont-ce les soli redoutables ? Les changements de plans ? La batterie énorme de justesse et de finesse technique ? Autant de questions qui ressortent inexorablement de l’écoute de « Synaesthetic » qui se montre généreux et absolument pas sectaire pour deux sous. En étant large, on se retrouve face à une démonstration d’un prog qui va autant chercher dans le metal mathématique et abstrait (« ERROR #9829 ») que dans celui plus doux et bien plus chaud (« Missing Archives », « Galatea I : The Vision »).
D’un point de vue plus précis, il faudrait décortiquer chaque titre un à un, chacun d’entre eux étant un nid à rythmes, à plans qui surprennent, désarçonnent et relancent ou ralentissent une machine qui joue avec l’auditeur mais ça ne ferait que spoiler inutilement. On pourrait tiquer de temps en temps sur un accent bien trop prononcé (« Stems From The Inner World Of Us », « Galatea II : The Design, The Research, The Result ») ou un chant qui laisse dubitatif (« ERROR #9829 » et son chant électronisé, « Missing Archives » et son passage phrasé), une piste qui semble plus faible que les autres (« Missing Archives »), mais ce ne serait là qu’un bien mince aspect négatif comparé à ce que regorge « Synaesthetic ».
Main: Art se lance dans le grand bain et a choisi le plongeoir de dix mètres pour y aller. Le résultat est assez surprenant, balayant à de multiples reprises tous les a priori inhérents au registre progressif tel qu’on le caractérise – sans doute à tort. « Synaesthetic » est complet, construit, riche, ambitieux et au final, c’est une vraie réussite. L’harmonie est totale, l’ensemble musical sonne bien sans jamais frôler l’indigestion et ce premier album se montre à la hauteur. A découvrir d’urgence.