Sylak 2017 – Jour 1

Samedi 5 Aout

By Arnal

Il y a quelque chose de magique de se dire qu’à 10km de chez soi se déroule un festival qui, années après années, accroît sa renommée et amène de ce fait des groupes de plus en plus importants – voire cultes – et qu’il suffit de s’y rendre en bagnole comme si on allait faire ses courses. Sauf qu’au lieu d’acheter un pack de lait et les croquettes pour le chat, tu vas voir Carcass. Sympa non quand on y pense! C’est donc – toute proportion gardée – comme un métalleux vivant à Clisson que je me rends à cette 7ème édition du Sylak, qui une fois n’est pas coutume me réserve bien des surprises.

  • Apply For A Shore (11h30- 12h)

Goooood Moooorning Sylak!!!

Crucial dans un fest metal, le premier groupe qui inaugure la journée se doit d’être énergique à souhait afin de donner la cadence pour le reste de la journée. Mission accomplie avec Apply For A Shore qui va balancer pendant une demi-heure un hybride emo/post-hardcore diablement efficace. C’est une évidence, la qualité sonore a monté d’un cran cette année au Sylak,  et les compos péchues du jeune combo lyonnais sont du coup bien mises en valeur.

  • Bottle Next (12h30 -13h)

Première grosse surprise du festival.
De prime abord, un groupe composé uniquement d’un batteur et d’une guitariste – guitare sèche de surcroit – est fatalement voué à se faire lyncher dans un festival de Metal. Mais quand le duo lance son set, les choses ne se passeront pas comme prévu. Prenez un batteur bien péchu, des riffs bien lourds joués sur une guitare folk, et vous aurez une petite idée du rendu final. Bottle Next  alterne ainsi passages swing et riffs heavy, dont la construction assez dépouillée et groovy peut faire penser à Rage Against The Machine par moment. Les compos s’enchainent sans se ressembler, et on est assez impressionné par la diversité de ces dernières. Conscient d’être un outsider ultime en complet décalage par rapport au reste de l’affiche, le guitariste/chanteur n’en est pas moins à l’aise dans son costard et profite de la situation pour chambrer à souhait ce public de bourrins alcolo (sic) qui se montre de suite réceptif à la musique du Duo. Une très grosse surprise, un coup de cœur, un show réussi!

  • Mars Red Sky (13h30 – 14h10)

Le problème avec les groupes de stoner/psyché rock en festival, c’est qu’il est difficile de leur trouver le créneau horaire adéquat. Trop haut dans le running order risque de casser la dynamique accumulée pendant la journée, et trop bas n’est pas opportun non plus. Alors on les case comme on peut. Mars Red Sky déboule donc à 13h30, après le repas et en plein cagnard, et la lourdeur assenée par le trio Bordelais a du mal à faire son effet. Ajoutez à celà divers problèmes techniques (problèmes de retour qui semblent exaspérer le groupe, Accordages d’instruments un peu répétitifs, etc…), il est bien difficile de rentrer dedans. A revoir une prochaine fois, hors festival.

  • Cryptopsy (14h40 -15h20)

Câlice de Chriss de Tabarnak, enfin du Brutal Death!

C’est vrai quoi, voilà maintenant 4 heures que nous sommes sur le site et toujours pas de Brutal Death à se mettre sous la dent. Heureusement, nos cousins de Cryptopsy sont là pour combler ce manque!

S’il y a une constante au Sylak, c’est que Le Brutal Death y remporte toujours un franc succès, et la prestation de Cryptopsy le prouvera une fois de plus! On observe les premiers mouvements de foule dès le début du set québecois; pas de blabla inutile, juste de l’hyper efficace pour rentabiliser au maximum les 40 minutes allouées. Le son est d’une clarté rare et met particulièrement bien en valeur le grunt caverneux de Matt McGachy. Ca poggote à tout va, le tout dans une chaleur suffocante. On est ravis.

  • Heidevolk (15h50 -16h30)
  • Caliban (17h00 -17h45)

Celle-là je ne l’ai pas vu venir.

J’avais quitté Caliban au début des années 2000 lorsque ces derniers faisaient la première partie de la tournée de Machine Head, alors en soutien de Supercharger (avec un petit groupe de locaux nommés Goji quelque chose, je ne me rappelle plus) et ce petit groupe surgit de nulle part m’avait laissé une très bonne impression. Depuis, les petits Allemands, toujours menés par le charismatique frontman Andy Dörner, ont bien grandi et ont délivré un set gigantesque, puissant et nerveux, exactement à sa place sur le running order pour booster la foule. Les compos de Gravity, leur dernier album en date, étant taillées pour le live (énorme interprétation de Mein Scwharzes Herz), pas étonnant que leur metalcore surpuissant ait remporté l’adhésion du public en une fraction de secondes après l’entame de Memorial. Mention spéciale à la reprise plutôt réussie de Sonne de Rammstein, qui viendra clore de fort belle manière le concert des Allemands. Deuxième gros coup de cœur après la prestation de Bottle Next ce matin.

  • Suffocation (18H15 -19H00)

Deuxième acte sur le thème du Brutal Death avec les vétérans de Suffocation. Le public- bien chauffé par la prestation de Caliban – va continuer sur sa lancée en se donnant à fond tout le long du set des Américains. Encore une fois le son est parfait (une constante sur cette première journée), ce qui nous permet notamment de nous régaler du jeu de batterie proprement hallucinant de Mike Smith. Sur scène c’est également spectaculaire, entre Terrance Hobbs en transe totale tout le long du set et le bassiste Derek « Johnny Winter » Boyer et sa posture si particulière. « en araignée ».

  • The Chris Slade Timeline (19h30 -20h20)

Voilà une curiosité que beaucoup attendaient.
Chris Slade, le batteur de – excusez du peu – AC/DC période Razor’s Edge, également ancien batteur de Uriah Heep, Gary Moore, Jimmy Page et Tom Jones, et qui refusa le poste de batteur d’Elvis Presley quand ce dernier le lui proposa (sous prétexte qu’il était déjà engagé par Tom Jones et qu’il ne voulait pas planter ce dernier, le choix d’une vie), bref, LE Chris Slade, qui débarque sur la scène du Sylak  sous un tonnerre d’applaudissements, et qui va jouer sous le nom complet de The Chris Slade Timeline un bref aperçu de ses 50  années de carrière. Il est pour cela entouré d’une bande de mercenaires dont deux chanteurs : Paul Davis, en charge des morceaux d’AC/DC, et Steve Glasscock pour le reste.
Le reste justement, il n’y en aura pas beaucoup : un morceau de Uriah Heep et un de Gary Moore, le reste du set sera entièrement consacré à AC/DC. Son passage chez AC/DC ayant été court d’un point de vue studio (seulement un album enregistré avec Angus & Co), The Chris Slade Timeline va donc piocher un peu plus large dans la setlist, en proposant une avalanche de hits (avec entre autres Hell’s Bell’s, Back In Black,  Dirty Deeds Done Dirt Cheap, où le morceau éponyme The Razor’s Edge) avant de conclure son set sur le tonitruant Thunderstruck, sous un tonnerre (sic) d’applaudissements.Ca joue vraiment bien, à tous les niveaux, mention spécial à Paul Davis dont la voix couvre aussi bien les morceaux de l’ère Bon Scott que celle de Brian Johnson.

  • Metal Church (20h50 -21h40)

Difficile de faire un report – aussi infime soit-il, étant donné mon inculture totale à leur propos. Le public du Sylak semblait bien mieux informé que moi à leur sujet, au vu du monde agglutiné devant la scène (il faut dire que le groupe bénéficie d’un créneau horaire plutôt sympathique). La bonne ambiance était là, les beaux lights aussi.

  • Venom Inc (22h10 -23h10)

Voilà la troisième surprise de la journée!

La mode du moment est de splitter un groupe connu en deux, chaque groupe possédant ainsi un membre fondateur pour asseoir sa légitimité: Morbid Angel, Entombed nous font le coup, et c’est le cas ici avec Venom, où plutôt devrais-je dire Venom Inc (Abaddon, Mantas et Tony « Demolition Man » Dolan qui remplace donc Chronos à la basse/chant). Mais qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas ici d’un Venom light, je dirai même que le groupe ne perd rien du tout à l’absence de Chronos, tant Tony Dolan fait le job, très bien le job même.

Pendant 1 heure durant le groupe va nous rappeler qu’on a affaire ici à une formation culte, séminale et surtout dangereuse. Desservis par un son encore une fois au top et une setlist faisant la part belle aux vieux morceaux, le power trio sonne bien, joue vite (on pense par moment à la fougue de Motörhead), et les brulôts que sont Witching Hour, In league with Satan et bien sûr Black Metal sont toujours ultra efficace. On ne voit pas l’heure filer, la vieille garde a décidément encore de beaux restes !

  • Max & Iggor Cavalera (23h40 -00h40)

Avec 15 minutes de retard (le groupe arrivait sur Lyon à 22h, après avoir joué le jour même au Wacken), les frères Cavalera, accompagnés de Marc Rizzo et Tony Campos montent sur scène. Tuons le suspense de suite, il était prévisible que 2 concerts dans la même journée auraient tôt fait de vider les maigres ressources de Max Cavalera. Statique, visiblement fatigué, Maxou n’est que l’ombre de lui-même, incapable de pousser une gueulante correcte (ce qui fait tâche sur un morceau tel que Roots, Bloody Roots ) et se contentant de gratouiller sa guitare, à défaut d’en jouer réellement. Ajoutez à celà un problème de guitare justement – rendant ces derniers inaudibles pendant les 3 premiers morceaux du set – et vous obtenez ainsi un début de concert assez pathétique.

Pourtant, le capital sympathie de ce concert (de par sa thématique) est indéniable. Les Quarantenaires bedonnants et nostalgiques dont je fais partie doivent sûrement se souvenir avec émotion de leur première écoute de Roots  en cette fin Février 1996.
Alors, quand à l’entame de Ratamahatta les guitares reprennent du peps, on pardonne, et on rentre dans le concert. C’est d’autant plus vrai que même s’il est physiquement complètement à l’ouest, Max Cavalera n’en est pas moins motivé, et ne cesse de demander à la foule de se bouger l’arrière-train, qui bien sûr lui obéit sagement et jumpe à tout va, et cette motivation a franchement sauvé le set. On notera quelques longueurs, notamment lors de cette loooongue jam improvisée entre les frangins sur le Iron Man de Black Sabbath.
Par ailleurs, autant le grand frère de la famille Cavalera est fatigué, autant il est difficile de prendre en défaut le petit Iggor, tant le jeu de batterie de ce dernier est toujours impeccable et brutal. Ca cogne dur et sec, et associé à la basse tonitruante de Tony Campos l’ensemble sonne monstrueusement bien (peut-être même encore mieux qu’à l’époque de Sepultura avec Paulo Junior).
Donc au final oui, Max n’est que l’ombre de lui-même et le concert en pâtit, mais le rendu final (grâce notamment à une section ryhtmique qu’on en pas prendre en défaut), et surtout l’énorme capital sympathie des frères Cavalera (tout l’inverse des Frero Delavega en somme) ont rendu ce concert plutôt agréable à suivre. Attention, cet avis est bien entendu complètement biaisé par la  subjectivité, n’importe quel autre groupe aurait subi les feux d’une critique assassine de ma part, mais là, non, parce que, voilà.

A propos Mlle S

Créatrice de Roar, Photos, Live-report, Interviews, Chroniques.
Pour marque-pages : Permaliens.

Les commentaires sont fermés