En cette fin de journée chaude comme la braise, le retour sur ses terres de Gojira ne pouvait se faire autrement que par un sold-out effectif depuis des lustres. C’est donc dans un Atabal bondé que les locaux vont de nouveau promouvoir un »Magma » salué unanimement.
Mais avant d’enflammer l’Atabal, c’est Touché Amoré qui ouvre le bal. Arrivé en milieu de set et découvrant ce groupe, il m’est difficile de vraiment rentrer dans les détails. Néanmoins, une fois les réglages sur les basses faits (à tel point que cela couvrait tout le reste), je ne peux que rester admiratif de l’énergie qui se dégage du combo californien.
Emmené par un Jeremy Bolm (chant) qui ne s’économise pas, le quintet enchaîne ses titres avec efficacité et fait le job pour faire monter la température devant un parterre séduit – mais peut être un peu trop clairsemé pour l’heure. Touché Amoré est donc une belle petite surprise pour ma part et dès que l’occasion de les revoir se profilera, il n’y aura aucune hésitation.
Après un rapide passage aux paddocks pour refaire le plein de bière, il est temps de se positionner dans ce cocon (presque) familial qui n’attend que Gojira pour exulter.
Voilà, les premiers hurlements se font entendre à l’extinction des lights, Mario prend position derrière les fûts, les autres le suivent dans la foulée et Bim ! Direct dans ta face !
Les patrons enchaînent »Only Pain », »The Heaviest Matter Of The Universe » et « Silvera » ponctués par un laconique »Merci » de la part de Joe. Somme toute classique. La setlist est bien rôdée, tournée promotionnelle oblige, et n’offre que peu de surprise d’un concert à l’autre. Et pourtant, oui pourtant, l’effet reste le même à chaque fois et ce depuis très longtemps : Gojira en live c’est l’assurance d’avoir un set exécuté à la perfection et millimétré.
Le son est d’une netteté hallucinante alors que les watts sont crachés sans retenue ; le fabuleux travail sur les lights démontre qu’ils sont indéniablement passés dans la catégorie supérieure ; Jean-Michel exulte et saute comme un damné ; Christian ferme les yeux pour mieux être en osmose. La prestation du combo est un modèle du genre.
Et puis, il ne faut pas oublier que ce soir le groupe ne joue pas n’importe où. C’est à la maison qu’ils sont, sur leurs terres, les Landes et le Pays Basque. Ce n’est pas à tous les concerts que le frontman salue une connaissance en lui demandant si ça va bien… et puis à une autre, encore et encore… »Bon la moitié de la salle c’est des potes » en fait (Joe) !
En véritables professionnels, le show se déploie avec une maestria jouissive et la fosse joue le jeu à fond, notamment sur un des titres les plus percutants en live : »Back – fucking – bone » qui se verra agrémenté en outro du passage ultra technique de »Remembrance ». Passage qui reste toujours autant bluffant dans sa réalisation scénique, sans aucun doute.
Un plan sans accros faisant inévitablement la part belle à « Magma » (six titres) qui possède des pépites faites pour le live. Au passage, »Pray » permet également au groupe de renouer avec un moment hypnotique dont eux seuls détiennent le secret et ce juste avant de quitter la scène… Quoi ? On est au rappel ? Déjà ? Il faut croire que oui et pourtant la fosse a étrangement du mal à beugler comme il se doit pour les faire revenir… peut être parce que ce type de rappel n’en est plus vraiment un – et ce pour beaucoup de groupes.
Mais qu’importe, ils reviennent sur scène pour nous asséner les derniers coups de buttoir et nous finir en beauté. Oui, en beauté, car après un violent »Vacuity », toujours aussi apprécié, on a droit à la reprise ultime qui met tout le monde chaos : « Territory » de Sepultura. Toute l’énergie gardée en réserve est lâchée dans un ultime et gigantesque tumulte qui restera dans les mémoires.
Le set est fini mais, comme à leur habitude, ils ne fuient pas dans les loges, tapant les mains, distribuant les médiators ou les baguettes de Mario (combien en as-tu balancé des baguettes ce soir ? 15 ? 20 ? Autant d’heureux en tout cas), et slammant sur une foule conquise. Au terme des 1h30 de show, on est contents mais quelque peu frustrés… Tant de titres que l’on aurait voulu avoir. Mais il faut s’y faire avec une telle discographie aussi bien fournie, c’est logique. Ceci dit, c’est un très bon prétexte pour ne pas les rater sur leurs prochaines dates.
Milesker et adishatz. (mille merci et salut en patois local)
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Setlist
1 Only Pain
2 The Heaviest Matter of the Universe
3 Silvera
4 Stranded
5 Flying Whales
6 The Cell
7 Backbone (+ Remembrance outro)
8 L’Enfant Sauvage
9 Drum Solo
10 The Shooting Star
11 Toxic Garbage Island
12 Pray
Rappel:
13 Vacuity
14 Territory (Sepultura cover)